Les Mamas Gun sur The Life and Soul jouent avec les frontières. Certes, parce que le chanteur est anglo-japonais mais surtout parce que leur musique pioche autant dans la pop de leur terre nourrissière d'Angleterre que dans la Soul d'outre-Atlantique. Déjà vu et entendu me direz-vous. C'est vrai. Mais il faut reconnaître quelques qualités à cet album.
La première, factuelle, est la production du disque. Un son impeccable qui ne tombe pas dans le piège de la reproduction, à l'aide de toutes les technologies modernes, d'un son "vintage" grinçant et lointain. Ici, le son est impeccable et je suis prêt à parier que si les chanteurs de Soul des 60's avaient eux le choix, ils auraient préféré ce son limpide qui offre à chaque instrument sa place, et qui permet de restituer au mieux les performances vocales (parce qu'en vrai les chanteurs des années 60 n'avaient pas non plus tous la voix nasillarde d'un talkie-walkie, pas plus qu'ils ne vivaient dans un monde en noir et blanc).
Tout cela pour dire que le son est chouette, trop parfois ce qui a le désavantage de lisser un style musical qui tout de même pioche son âme dans une certaine spontanéité et donc un imperfectible hasard.
Autre qualité évidente de l'album, la voix de son chanteur, également auteur-compositeur d'ailleurs, Andy Platts. Voix claire et puissante, capable de belles envolées dans les aiguës et d'une gymnastique évidemment empruntée à ses modèles (Stevie Wonder en tête). On pourrait cependant appliquer les même réserves que sur la production générale. Parfois trop "propre", la soul perd de son ame, paradoxe s'il en est, pour venir frôler une variété moins excitante.
Mais ce n'est qu'un détail et l'amateur du genre appréciera à sa juste valeur les talents vocaux du garçon et de ses acolytes, garçons et filles, qui jouent du chorus façon Jackson 5 (ou un truc dans le genre).
Globalement, l'album est donc un mélange de pop et de soul comme l'ont fait avant eux et avec classe, portant la barre assez haute, les Style Council, Paul Weller et Mick Talbot, ensemble et séparément (notamment avec les excellents Galliano). Aussi en comparaison, on sera forcément un peu déçu, parfois tenté de comparer davantage la chose à Jamiroquai plutôt qu'à Stevie Wonder.
Et lorsque Mamas Gun ne fait pas dans la Soul, ils font dans le funk et se lancent dans une imitation de Prince assez réussie sur "Rocket to the moon".
On notera également un titre en français totalement dispensable en compagnie du tout autant dispensable Tete. Tout cela histoire de passer un peu sur quelques radios françaises sans doute, pourquoi pas.
Plus remarquable, une reprise de Queen, un peu trop proche de l'original mais assez réussie.
Quoi qu'il en soit, ce disque devrait plaire moyennement aux gros amateurs de Soul car ils y verront un manque d'originalité dans l'exercice de style qu'est ce Live and Soul. Les autres, amateurs de pop colorées, devraient se faire plaisir sans avoir besoin de redécouvrir avant tout le répertoire soul américain des années 60 à nos jours, pas plus que celui des mods anglais.
Une bonne compilation de 40 ans de musique en un disque en somme, soutenue par des chansons bien ficelées et presque easy listening (positivement parlant) grâce à une production léchée et un groupe talentueux (mais qui devra à l'avenir faire preuve de son originalité). De toute façon c'est simple, si vous aimez la pochette, vous aimerez le disque ! |