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Interview  (Paris)  8 juillet 2011

Autour d'un verre dans un bistro parisien, rencontre en fin d'après-midi avec Eric Falce et Lizzy Ling de My Concubine pour parler de leur nouvel abum. Lizzy Ling est la nouvelle voix du groupe pour ce troisième opus, Une chaise pour Ted. Le disque traite des rapports hommes / femmes, des aléas de la vie et des déchirures en utilisant l'imagerie des serial killers. Une interview saignante avec deux artistes charmants.

My Concubine est-il un projet de groupe ou d'abord le projet d'Eric ?

Eric : C'est un duo, mais c'est d'abord mon projet.

Lizzy : Et puisque nous sommes quatre aujourd'hui, c'est un duo à quatre (rires).

Eric : Au départ, c'est un projet personnel, mais j'aime partager la scène avec des personnes de sexe opposé. Auparavant ça a été Pascale, ça se poursuit aujourd'hui avec Lizzy Ling. Mais c'est toujours un duo.

Pour Lizzy, d'abord qu'est-ce qui t'a séduit dans ce projet ? Et est-ce un investissement complet, une mise entre parenthèses de ta carrière solo, ou mènes-tu ces deux projets en parallèle ?

Lizzy : Par rapport à ma carrière solo, c'est un projet totalement parallèle. L'un n'empêche pas l'autre. Ce qui m'a en premier lieu séduit, c'est l'écriture et le style d'Eric. C'est de la pop anglaise avec des paroles françaises. Je trouvais ça fort.

Sur le disque, l'intervention de Yann Arnaud est déterminante. A quel moment du processus créatif intervient-il ?

Eric : Ma rencontre avec Yann, sur " Les Belles Manières" le disque précédent de My Concubine, a été formidable. Nous nous sommes tout de suite entendus sur le son. Nous avions coréalisé l'album précédent, nous avons fait de même avec celui-ci. Notre complicité est encore plus importante aujourd'hui. Généralement, j'arrive déjà avec des morceaux préalablement arrangés. Yann les écoute. A partir de là, il sait dans quelle direction aller. Parfois, lorsqu'un titre ne fonctionne pas, il me dit même "Tu rentres chez toi et tu travailles à la maison". Pour cet album, par exemple, il m'a demandé d'entièrement retravailler le morceau "Les Petits Détails". Il intervient comme arrangeur, mais joue aussi du clavier et de la guitare.

Lizzy : Oui, il y a une vraie complicité entre Eric et Yann.

Eric : Sur l'album, Yann est crédité comme membre du groupe. Certes, il ne nous accompagne pas sur scène mais c'est lui qui a suggéré Loïc Maurin à la batterie et Mathieu Denis à la basse pour assurer la section rythmique du groupe.

Les petites ambiances que vous réussissez à donner aux chansons étaient-elles déjà présentes avant la production ?

Eric : Oui. C'est souvent l'introduction d'une petite ligne mélodique réalisée avec un instrument inattendu qui donnent ces ambiances. C'est quelque chose auquel je pense en cours d'écriture. Il faut que j'explique que je travaille sur un vieux portable studio à cassettes qui est la seule technologie dont j'arrive à me servir...

Lizzy : Ce qui n'est pas très pratique pour les échanges à l'heure de l'ordinateur. (rires)

Eric : Or, un jour, je rends visite à Yann Arnaud en studio pour lui faire écouter ma cassette. Il travaillait avec une équipe technique sur la production d'un album. Il me dit "Passe ta cassette qu'on l'écoute". Je lui réponds, un peu intimidé : "J'espère que vous aimez le souffle."

Lizzy : Il faut quand même dire que malgré le souffle, ces démos sur cassette ont un grain particulier au niveau du son.

Eric : C'est en cela que Yann est génial, il comprend l'ambiance. Il réussit à recréer la magie des démos en y apportant sa patte personnelle. C'est comme s'il y avait une complémentarité entre nous.

Le disque s'appelle "Une chaise pour Ted" et renvoie à la chaise électrique qui a servi à exécuter Ted Bundy. Pourquoi ne pas avoir plutôt fait une chanson sur Francis Heaulme ou sur Michel Fourniret ?

Lizzy : Ou sur Emile Louis ?

Eric : J'avais pensé à "Dans le bus avec Emile Louis", mais ça sonnait moins bien (rires).

Lizzy : Pourtant, c'était populaire...

Eric : Je l'avais croisé dans ma vie antérieure où j'étais avocat, et ce n'était pas le personnage qui convenait. Ça faisait moins rêver. Ce qui était séduisant chez Ted Bundy, c'est que c'était un garçon qui semblait bien sous tout rapport.

Dans la chanson, "Au Carillon Des Horreurs", je dis que la beauté peut cacher le mal, et inversement. Il faut se méfier des apparences. Même si je sais que je n'invente rien en disant cela. Avant Ted Bundy, lorsqu'on pense aux serial killers, on les imagine laids et bêtes. Or Ted Bundy a fait peur à l'Amérique parce qu'il avait tout du gendre idéal. Autre chose d'intéressant sur Ted Bundy, c'est qu'avant de mourir sur la chaise électrique, il a expliqué être en quête du plaisir. Il repoussait à chaque fois les limites du plaisir pour avoir des plaisirs nouveaux.

Lizzy : Un malade, un mec bien sympa.

Eric : Oui, un malade. Il allait jusqu'à violer, tuer, enterrer le corps puis re-déterrer les cadavres pour les re-violer. Il est allé très loin. C'est une quête du plaisir qui doit être un peu fatiguante. Il a dû sourire lorsqu'il a réalisé qu'il allait mourir assis.

Lizzy : C'est rassurant pour moi tout ça. (rires)

Chez Ted Bundy, le meurtre perpétré à la hache amène une proximité qu'on n'a pas avec un pistolet par exemple.

Lizzy : Un côté artisanal, vous voulez dire ?

Eric : Genre "mon boucher a du talent" ? Il ne tuait pas forcément à la hache, il découpait à la hache, mais il tuait à l'arme blanche ou par strangulation.

Lizzy : Il avait plus d'une corde à son arc.

Autre sujet, comment s'est décidé le choix du single ?

Lizzy : On s'est dit que "Un parfum" est un titre qui installe une ambiance, qui est une bonne ouverture vers l'album. Ça s'est fait de manière naturelle. On s'est dit que pour les radios, avant d'aborder le thème des tueurs, c'était plus sympa qu'ils s'intéressent à l'album à travers ce titre-là.

Eric : Lorsqu'on a commencé à réfléchir à l'ordre des chansons sur l'album, pour Lizzy et Yann, le choix de ce morceau comme single semblait une évidence. Pour moi, ça ne l'était pas vraiment. Mais la durée du titre, moins de quatre minutes, une architecture couplet / refrain et des gimmicks accrocheurs ont finalement désigné ce titre comme single. "Le parfum", c'est léger, c'est une petite histoire drôle.

Lizzy : Enfin, drôle à la manière d'Eric Falce.

Quant à votre inspiration, elle vient plutôt de la littérature, du cinéma... ?

Eric : De la vie. La vie est un théâtre, les gens jouent des rôles et il suffit d'observer. On va s'inspirer de la réalité, déformer, grossir le trait pour en faire une chanson. C'est vrai que c'est comme un film, si tout se passe bien, c'est inintéressant. Il faut qu'à un moment, ça dérape. J'entends parfois parler de "chansons d'amour" à propos de My Concubine, ce sont des chansons sur l'amour mais avant tout sur l'harmonie brisée.

Lizzy : Ce sont des chansons d'après l'amour, ou à la fin de l'amour.

Eric : "Bad Movie", "Au carillon des horreurs" ou même "En voiture avec Ted" ne sont pas des chansons d'amour. Ce sont des chansons sur l'équilibre fragile...

Lizzy : ... Sur la difficulté de s'entendre.

Eric : Oui. Et sur la difficulté des gens à créer l'harmonie autour d'eux. "Van movie" est par exemple inspirée de l'histoire du Docteur Godard. Or j'avais fait un tour en voilier sur le bateau où se sont déroulés les évènements quelques semaines avant ce drame. J'ai été choqué de voir que dans un même lieu pouvait se dérouler la mélodie du bonheur et quelques semaines après une affaire horrible.

Vous accumulez. Vous rencontrez Emile Louis dans le cadre de votre emploi, vous louez le bateau sur lequel s'est déroulé l'affaire Godard...

Eric : En effet, d'ailleurs j'ai arrêté mon boulot parce qu'à un moment j'ai eu envie de passer à autre chose.

Les salles de concerts sont-elles plus agréables que les prétoires ?

Eric : J'écris mes chansons comme je faisais un dossier. Il faut qu'il y ait un début, un déroulement et une conclusion. C'est comme un dossier de plaidoirie. Lorsque nous chantons, nous plaidons devant une petite cour. Et le jury, c'est le public.

Retrouvez My Concubine
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Crédits photos : Thomy Keat (Toute la série sur Taste of Indie)


Laurent Coudol         
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