Pour ceux qui ne connaissent pas encore Pigeon John, ce gars émane de la scène hip hop underground américaine. Los Angeles plus précisément.
Ayant fréquenté les mêmes tremplins que les célèbres Blackalicious, Black Eyed Peas, etc.,
John Kenneth Dunkin célèbre près de vingt années de carrière avec un cinquième album révolutionnaire.
Dragon Slayer est sorti en octobre 2010. Un savant mélange de Soul, Funk, Rock, Hip-Hop… Que sais-je encore ?
Symbole d’une évolution dans son style, ses nouvelles inspirations nous ouvrent les portes d’un rap alternatif. Cela ne vous dit toujours rien ? Allez, si je vous dis le générique du grand journal de Canal + ? "’The bomb", c’est lui !
Pigeon John était programmé au fil ce jeudi soir. L’occasion pour les Supporters d’artistes good vibes de voir en live ce messager de la West Coast américaine. Quelques minutes avant d’entrer en scène, Pigeon John accepte de nous livrer une interview.
Que peux-tu nous dire sur ton dernier album ?
Pigeon John : Mon album s’appelle Dragon Slayer, il a été produit par RV Salters de General Electriks et c’est la première fois que je joue avec un groupe sur scène. Je me produisais avant avec des dj’s. J’aime ces nouvelles chansons car elles représentent une nouvelle période aussi bien dans ma vie que dans ma musique. Chaque concert est un peu un nouveau né, "a fresh experience".
Qu’est-ce qui t’a donné envie de jouer avec des musiciens sur scène ?
Pigeon John : Pour cet album, j’ai composé les morceaux de l’album au piano. D’abord la musique puis ensuite les paroles. C’était la première fois pour moi. En fait, jouer en live était le but que j’avais en tête en composant ces chansons. Avant, je chantais plus sur des beats hip-hop un petit peu classiques, qui sortent d’un ordinateur. Là, le but était de composer comme un vrai musicien et ramener ce que j’aime : de la musique hip hop mélangée à un format pop et à une sorte de rock. Le fait de l’avoir composé m’a donné envie de poursuivre le concept aussi sur scène. C’était le but, le faire en live, original ! "Original music from my head !"
Tu connaissais déjà les musiciens ?
Pigeon John : Non, on ne se connaissait pas du tout ! Le groupe s’est formé deux semaines avant la première tournée en France qui avait lieu en avril. C’était de nouvelles relations, une nouvelle musique, un nouvel album, une nouvelle façon de l’écrire. En plus, dans des nouveaux pays, avec des nouvelles langues ! (il hausse les sourcils, rires) Et des nouvelles cultures… C’était comme si tout recommençait à zéro. C’est ce qui m’a fait un peu peur. Peur, mais je suis vraiment fier en même temps, parce que c’est une approche qui est nouvelle et très enrichissante, autant sur un plan personnel, professionnel, que humain.
La nouveauté ne te fait pas peur ?
Pigeon John : Non, ça ne me fait pas peur mais cela fait me sentir comme un enfant. Cela rend les choses excitantes. C’est comme des nouvelles couleurs sur la palette que tu ne connais pas. Tu te demandes ce que c’est et tu essaies. Cela me rend curieux, j’ai envie de le faire même si je ne sais pas, même si je ne connais pas. A la fois cela fait très peur et à la fois c’est très attirant. C‘est stressant, mais c’est du bon stress.
Comment se passe ta tournée en France ?
Pigeon John : C’est vraiment cool. Il y a ce phénomène de découverte : de nouveaux festivals, chanter aux côtés de différents groupes, dans des nouveaux lieux.
Il n’y avait pas de problème de langue lorsque je chantais en Amérique, au Canada ou en Angleterre. Je ne savais pas ce qu’était réellement la barrière des langues. En fait, je n’en avais aucune idée.
En avril, lorsqu’on a débuté la tournée, je l’ai compris. Au début, j’avais cette appréhension, je me demandais comment les gens allaient le percevoir ça. Et puis je me suis aperçu que sur scène c’était finalement plus une question de feeling donc j’ai commencé à beaucoup plus mimer les chansons, montrer ce que signifiaient les paroles. Vous savez, lorsque que vous ne connaissez pas un endroit et que vous demandez l’arrêt de bus :
"- Savez-vous où se trouve l’arrêt de bus ?
- L’arrêt de bus ? (Puis John se met à mimer le conducteur d’un bus)
- Oh oui, l’arrêt de bus !" (rires)
On devient comme des enfants.
John mime une autre scène :
"- Manger !
- Manger ? (Il mime quelqu'un qui mange)
- Ah ok, tu veux manger ?
- Oui !" (rires)
C’est la connexion humaine qui fait tomber la barrière des langues, un peu comme deux enfants qui ne savent pas parler mais qui s’expliquent les choses avec beaucoup de gestuelle.
Caroline, bookeuse pour 3C Tour qui faisait office de traductrice pour l’occasion, émet un commentaire personnel.
Caroline : Il a la même façon de se comporter sur scène. Cela va au-delà de la performance du mime car il interprète vraiment ses chansons. Avec le mime et la gestuelle, les gens captent très bien, même s’ils ne comprennent pas toutes les paroles. Donc c’est plus humain qu’autre chose, c’est une communication humaine et pas forcément de langue.
John, une dernière question avant de te laisser te préparer pour le concert : où as-tu appris tout ça ?
Pigeon John : La première fois, c’était dans un open mic qui s’appelle le Good Life Café. Il y avait des poètes, des rappeurs, des danseurs… Je pense que j’ai appris là-bas car le public du Good Life café est vraiment très critique. Soit ils aiment ce que tu fais et ils te lancent des fleurs, soit ils n’aiment pas et te lancent des choux.
C’est une très bonne école. Chaque semaine j’y chantais, pendant des années et des années et j’ai évolué grâce à ça. Tu regardes le barman, tu regardes la serveuse, puis les gens et tu te dis : Ok, essayons !
Je pense que c’est là que j’ai tout appris, dans les open mics.
J’ai pu le voir à l’œuvre, sur scène, entouré de Terry Harrison à la batterie et de Ian Sloane à la basse. C’est de la fantaisie tambours battants. Ce que j’entends par fantaisie, c’est que différents styles de musique y sont abordés, permettant à chacun des spectateurs d’y trouver son compte. |