On l’a vu avec un groupe One-two, puis dans des collaborations féminines, puis dans un Cheesecake. Il a baroudé je ne sais où, a rencontré une super nana, a vécu une superbe histoire qui a fini mal, comme toutes les histoires d’amour en général, ce qui lui a inspiré la totalité de L’amour Triangulaire, ci-contre : Séverin, un nouveau petit jeune qui vient enrichir les rangs des descendants des chanteurs de la nouvelle vague des années 80.
L’album commence par une description lucide de la routine d’un couple, rien de tel que "Caresses automatiques" pour mettre les choses à plat, quand tout ne devient qu’habitude, quand la passion s’efface pour laisser place à cette espèce d’habitude confortable d’attendre et d’être attendu. C’est clair que c’est particulièrement morne, long et ennuyeux. Et il chante ça sur un air pop et des synthétiseurs sifflotant. Et c’est là que réside toute la dualité de l’album : des airs enjoués pour des thèmes tristounets. Mieux ! A la place de faire des disgracieux grumeaux, la sauce prend plutôt pas mal, résultant une galette amère et sucrée, comme si la nostalgie pouvait trépigner.
Sur des airs pop-électro, Séverin nous livre la panoplie complète de la plaie d’amour, tout seul, à deux, à trois, en trichant, en mentant, en partageant, la routine, la rupture, les espoirs, les envies et les avoirs… Tout y passe. Même la rupture pour cause de déprime, la maturité d’un type qui ose dire : "laisse-moi au vestiaire", je suis trop nul, va voir ailleurs : laisse-moi "Pendu à la pendule", ou une façon un peu douce amère de dire "tu me les casses".
"Les yeux dans les yeux", ou les quatre vérités à celui que l’on n’aime pas, à mon avis, un bon beauf vantard : "ton beau mariage, ton écran plat, ton île de Ré, ton job, ta vie de m...", ou la fille qui t’a piqué ton homme, ou le contraire, le type qui lui a arraché sa femme… L’envie de dire merde à tout ce qu’on voulait avec lui (ou elle), parce qu’elle (il) a construit ailleurs ce qu’on avait tendrement envisagé ensemble…"j’aurai du lire dans nos désirs pour qu’on puisse joliment se dire adieu" : "L’amour triangulaire".
Et puis il grandit et guérit au fur et à mesure, trouve dans ce quelque part l’énergie d’aller plus loin, de retrouver des habitudes "j’apprends à faire les courses, à repérer la grande Ourse" ("En noir et blanc"). Je suis d’avis que ce bazar aura duré 3 mois, c’est ce que disent les statistiques, 3 mois pour passer à autre chose, 3 mois pour cuver son amour mal tourné, 3 mois d’angoisse, 3 mois "dans cet état là, aveuglé, désabusé, les yeux tout ankylosés", 3 mois de déprime post-love ("3 mois sous terre").
Pour ce nouvel album, Séverin signe la bande son de la rupture, à mettre de côté au cas où, à la fois cynique et cinglant de réalisme, c’est un album parfaitement réjouissant, qui inspire pour l’après, la suite, comme quoi, une rupture amoureuse peut aussi déboucher sur mieux. |