Récital poétique dispensé par Jean-Laurent Cochet accompagné au piano par Philippe Davenet.
Dans un monde de brutes et de sourds, proposer un récital poétique - en dehors de la difficulté intrinsèque de l'entreprise - ressortit à la gageure.
Et Jean-Laurent Cochet relève, une fois encore, le défi en portant les mots, la pensée et l'âme de Francis Jammes, poète français de la fin du 19ème siècle ancré dans son pays et sa terre, le Pays basque, dont il a chanté avec un souffle unanimiste la beauté des paysages, de la faune et de la flore et l'humilité des pauvres gens privilégiant l'émotion sensible à la rhétorique.
Jean-Laurent Cochet, homme de foi et d'espérance, rend ainsi hommage, indique-t-il, à "celui qui a chanté comme aucun autre poète la beauté que Dieu donne à la vie ordinaire" en puisant dans l'abondant thésaurus du "primitif" qui est "humour de Dieu ".
Il a choisi pour trame le voyage qu'est la vie en invitant le spectateur à mettre ses pas dans celui du poète qui parcourt la lande, croise le berger et le vieillard, porte le deuil des primevères et compatit au sort des animaux, à aller à Amsterdam où s'épanche la mélancolie de Robinson de retour au monde, Amsterdam qui "s’endort sous les cils de la neige dans un parfum de brume et de charbon amer", à chanter l'amour mélancolique et à pénétrer dans l'anonyme chambre des doux ébats.
Cela avant que de songer au dernier départ, celui que Francis Jammes évoque dans des prières (Prière pour que le jour de ma mort soit beau et pur", "Prière pour aller au paradis avec les ânes") qu'il souhaite "dans le grand calme du coeur" accompagné des ânes, pour que, arrivé à destination, "dans ce séjour des âmes, sur vos divines eaux, je sois pareil aux ânes qui mireront leur humble et douce pauvreté à la limpidité de l'amour éternel".
Accompagné au piano par Philippe Davenet, son fidèle et malicieux complice à l'oeil pétillant et au toucher sensible, qui butine dans l'oeuvre de Debussy, Satie, Ravel et Chopin, Jean-Laurent Cochet livre un moment magique, hors du temps, qui enserre le spectateur dans la bulle d'une prosodie simple et libre qui, de l’Angélus de l’aube à l’Angélus du soir, privilégie, dans une démarche impressionniste, l'émotion qui se dégage des réalités, même prosaïques, de la vie quotidienne et témoigne de l'existence de Dieu. |