Arf, un Québécois de chez Canada. Damien Robitaille chante avec cet accent atroce qui tord les mots comme des serpillères : Homme Autonome. Il est franco-ontarien, a assuré le spectacle de clôture des francofolies de Montréal, nominé 9 fois pour le gala des trilles d’or et a reçu autant de prix, voire plus (un show canadien pour les meilleurs d’entre eux), a reçu le Félix de "scripteur de l’année" pour le spectacle Homme Autonome (un prix avec un nom pas plus ridicule qu’Oscar).
Ce fameux Félix est un genre de programme Erasmus pour les artistes. Chaque année, le récipiendaire québécois traverse l’Atlantique et tente sa chance en France (avec le gros chèque accompagnant le Félix), et vice-versa, le français récipiendaire va se faire connaître au Canada Français. Voilà d’où qu’il sort, celui-là ! Et le voici donc avec son deuxième album, entre groblues (groove + blues) sixties et regunk (reggae+funk) seventies.
Damien Robitaille fait parfois penser à la clique des copains de Johnny (ceux qui partagent des tranches de sauciflard en chantant "vous, les copains doudoudadidou"), il les fait assez vite oublier par son humour pince-sans-rire, de ceux qui font sourire, l’air de rien, par l’absurdité de la situation décrite. "Mot de passe" raconte les multiples tentatives d’un homme qui séduit une femme et qui n’a pas encore trouvé le mot de passe pour passer une nuit avec elle ("J’ai un porte-clé sur la langue, donne-moi donc un indice").
"Casse-tête", "pièce par pièce, morceau par morceau", ou le résultat d’un méga cassage de figure sur une piste de danse, le risque à courir quand on fait du grobluregung… "Jésus nous a dit" "d’aller pécher les hommes, mais moi je préfère pêcher les femmes", et pourquoi faire du sport quand on est pêcheur ? Vous avez là trois minutes d’un titre consacré aux sens du pêcheur.
Il n’est pas à prouver que l’album est entraînant, les mélodies restent, mais j’ai un peu de mal avec cet accent en particulier, il enlève le sérieux, la crédibilité et corne l’humour, et surtout parce qu’il me rend certains propos inaudibles, me donnant l’impression de passer à côté de quelque chose. J’ai, entre autre, mis trois écoutes à comprendre "leutourissssstuta", c’était "Le touriste du temps" (avé l’assent !).
Entre humour et mélancolie, Damien Robitaille gagne partout où il se présente, et même s’il revendique sa francophonie et que je râle quand les JT sous-titrent les propos des provinciaux, je regrette que cet artiste ait cet accent là que certains trouvent charmant, et qui me donne des soucis d’écoute… |