Leur single Dance
to the underground avait été l’une des
révélations de l’année 2002. Le groupe
New yorkais Radio 4 revient début
septembre avec un second album Stealing
of a nation.
Quelques jours avant leur prestation à Rock en Seine, et
à la veille d’une tournée marathon en première
partie des Libertines nous les avons rencontrés.
L’occasion de parler de musique, de politique et du succès.
Où jouerez-vous ?
C’est le premier de trois dates à
Paris. Nous serons à Rock en Seine la semaine prochaine.
A Rock en Seine, vous jouerez sur une grande scène
devant plusieurs milliers de personnes. N’est ce pas difficile
de jouer devant une telle foule ? Ne préférez vous
pas les petites salles ?
Est-ce en extérieur ?
Oui.
C’est plus dur de jouer des gros concerts.
C’est surtout plus dur de jouer pendant la journée.
Les concerts en extérieur sont durs parce que jouer à
la lumière du jour est assez gênant.
Quelles sont vos influences principales ?
Le punk et la dance.
Vous avez des noms de groupes en tête ?
Il y en a tellement. La nuit dernière par
exemple nous avons écouté Neil Young, Joe Gibbs, Arthur
Russel, Wilco, The Pogues
Etes vous influencés par d’autres
formes d’art ? Le cinéma ? La peinture ?
Nous pouvons être influencés par des
films ou d’autres choses. L’art, quel qu’il soit
est directement influencé par la vie de l’artiste.
Nos vies déteignent nécessairement sur notre musique.
Vous avez une passion pour la new wave anglaise
des années 79/80. C’est assez étonnant pour
des américains, non ?
Pas tant que ça. C’était une
époque passionnante pour la musique, pas mal de personnes
s’y intéressent. On connaît un certain nombre
de personnes qui citent cette période comme étant
une partie majeure de leur influence.
Vous êtes désormais 5 dans le groupe.
Cela a-t-il fait évoluer votre façon de composer ?
On peut dire ça … j’imagine.
Initialement, nous étions un trio. Je pense que la raison
pour laquelle ce disque sonne plus électronique c’est
l’arrivée d’un clavier. Il travaille beaucoup
avec des samples, des boucles …Nous n’avions même
jamais eu un clavier donc ça apporte vraiment quelque chose
de nouveau.
Cela intervient-il dès le début
du processus de création ?
Non ça intervient dans un second temps.
Tous les morceaux qui sont sur le disque nous aurions pu les faire
en tant que trio. Mais ils auraient sonné plus basiques,
moins élaborés. C’est sûrement la raison
pour laquelle beaucoup de personnes disent que ce disque est plus
dance que les précédents.
Vous êtes bassiste et leader, le fait que
le chanteur soit bassiste apporte-t-il quelque chose de différent
?
Ce n’est pas très commun. Motorhead
.. (rires) Rush (level 42 the beatles) OMD, The Police, …
Ce n’est pas quelque chose de complètement habituel.
Ce n’est pas difficile de comprendre pourquoi. C’est
assez difficile d’être à la base de la rythmique
et de chanter en même temps. Mais dans Radio 4, la basse est
un instrument plus important (lead instrument) que dans la plupart
des autres groupes de rock. Elle a la place qu’a la guitare
dans les autres groupes.
Cela explique sans doute pourquoi la rythmique
est si importante dans vos compositions ?
Oui, les deux sont liés. Mais je ne sais
pas lequel entraîne l’autre.
J’ai lu que quelqu’un disait que vous
étiez "half politically rally, half dance party".
Qu’en pensez vous ?
Je ne décrirais pas ça comme ça
mais pourquoi pas, ça ne me dérange pas.
Vos textes sont assez engagés. Est-ce difficile
de prendre ce genre de position dans
le contexte politique actuel aux Etats Unis ?
Pas pour nous. Pour le moment, il n’ y a
pas eu beaucoup de réactions. C’est plus difficile
pour les plus gros groupes. Lorsqu’un groupe connaît
beaucoup de succès, il est plus surveillé. Dans les
milieux plus underground, ce n’est pas vraiment un problème.
Les gens qui écoutent ce genre de musique n’y voient
pas de sens politique.
Où vous situez-vous dans la scène
musicale new yorkaise ? Par rapport à des groupes comme les
Strokes …Qu’est ce qui fait votre originalité
?
Certains groupes sont plus rock, d’autres
plus groovy. Nous ne sommes pas réellement un groupe de rock
ni une formation dance, nous essayons de faire quelque chose de
nouveau, nous sommes un groupe d’un genre nouveau.
Pour vous, quelles sont les différences
entre le public américain et le public européen ?
En Europe, les gens semblent plus réceptifs
plus rapidement. Ils ont une approche plus physique de la musique.
Ils donnent plus facilement une chance aux choses nouvelles. Aux
Etats-Unis, c’est un processus plus long qui s’effectue
graduellement. C’est un pays très grand. S’attaquer
au marché d’un pays européen c’est comme
s’attaquer à celui d’un état aux Etats
Unis. J’ai l’impression qu’il y a plus d’excitation
et de passion à propos de la musique ici en Europe.
Par exemple, la notion de festival de musique.
Il n’y a pas de festivals aux Etat Unis … enfin si !
Un seul (Lollapalluza) mais il ne dure qu’un jour et il est
itinérant. En Europe, c’est une chose naturelle d’aller
dans de grands festivals dormir dans une tente pendant trois jours
juste pour écouter de la musique. Ca n’existe pas aux
Etats Unis.
J’ai fait une interview avec un journaliste
anglais qui me demandait mon meilleur souvenir de festival en tant
que public. Mais il m’est impossible de répondre à
cette question. Il existe une sorte de barrière culturelle,
je ne suis jamais allé à un festival ; ça n’existe
pas. Le Lollapalluza est ce qui s’en rapproche le plus, mais
cela ne dure qu’une journée et vous n’avez pas
à vous déplacer, il vient jusqu'à vous. En
Europe, les gens vont jusqu’aux festivals et non le contraire.
Ca donne une bonne indication de l’engouement que suscite
la musique ici.
Parfois, certains festivals sont complets avant
même que la programmation ne soit connue. Aux Etats Unis c’est
impensable, les gens veulent savoir ce qu’ils vont voir et
entendre avant de faire la queue. En Europe, l’attitude est
différente : c’est "Je vais voir de la musique
à un festival". Aux Etats-Unis, c’est "Je
vais voir tel ou tel groupe".
Comment réagit le public lors de vos concerts
? Est ce un public énergique qui saute et danse, ou plutôt
immobile et profitant de la musique ?
Les gens dansent. C’est comme chacun le souhaite.
Mais le public est plutôt énergique et dansant. On
verra ça en fin de semaine à Rock en Seine. Mais en
général il y a plutôt une bonne ambiance.
Votre chanson "Dance To The Underground"
est-elle toujours votre emblème ? Y a-t-il des morceaux du
nouvel album que vous trouvez plus intéressants ?
"Dance to the underground" a été
pour beaucoup une introduction à notre musique. Il y avait
l’attrait de la nouveauté, la surprise. C’était
agréable, ça a fait l’effet d’une traînée
de poudre. Cependant, vous ne pouvez pas en rester là. Plus
rien n’aura une telle fraîcheur mais le groupe doit
continuer son évolution. C’est comme avec The Strokes,
lorsque le premier single est sorti je me suis dit "WAAAAHHH
!!". Et puis le second album est arrivé et là
"Bof !". L’excitation était retombée.
Dans certain pays, Party crashers, notre nouveau single est plus
connu que Dance to the underground.
Peut-être un jour ne voudrez-vous plus jouer
ces chansons, à force de les avoir trop jouées ?
Peut être … peut être dès
demain (rires)
Que pensez-vous des remix qui ont été
faits à partir de vos morceaux ?
Parfois, il en ressort de très bonnes choses.
J’aime beaucoup le concept, l’idée de se faire
remixer. Je ne juge pas le résultat final même si je
n’adore pas. Lorsque l’on est fan de l’artiste
qui fait le remix, ce qui en général est notre cas,
il faut laisser faire et voir cette nouvelle version comme une interprétation
différente, pas juste un nouvel enregistrement. En plus,
lorsqu’on écoute un remix à la maison, on l’écoute
au mauvais endroit. Les remix sont fait pour les clubs. Par exemple,
on a écouté le remix qu’a fait Todd Beachle
(The Faint) à la maison et on a trouvé ça vraiment
un peu bizarre.
C’est très difficile d’être
objectif, il ne faut pas juger. Il faut juste sélectionner
attentivement les remixers puis juste accepter le résultat.
Quoiqu’il arrive, même si nous ne sommes pas convaincus
par le résultat, on se doit de le sortir. On a choisi seulement
des gens dont on apprécie le travail et que l’on respecte
en tant qu’artistes. Ensuite, il faut laisser faire et éviter
d’intervenir, sinon vous n’obtiendrez pas la personnalité
du remixer. Et puis à quoi bon, sinon il faut le faire soi-même.
Quel est l’apport de votre producteur Max
Heyes ?
Il a fait du bon boulot. Il arrive à tirer
le meilleur des gens. Nous voulions faire quelque chose de différent
de ce dont nous avions l’habitude, différent de Gotham.
Nous voulions quelque chose de très énergique.
Vous l’avez choisi pour son travail avec
d’autres groupes ?
Oui et surtout parce que nous l’apprécions
en tant que personne. Nous connaissions son travail sur des disques
qui sonnaient bien mais surtout nous savions que c’est un
mec cool. C’est le plus important.
Vos morceaux ont été utilisés
dans plusieurs publicités, qu’en pensez vous ?
Si ça nous posait problème, nous
n’aurions pas donné notre accord. C’est une façon
de se présenter à des gens qui a priori n’écouteraient
pas notre musique. C’est surtout vrai aux Etats Unis où
les radios sont un peu réfractaires aux nouvelles sonorités.
C’est une façon de pénétrer dans chaque
foyer et de toucher des millions de personnes. Je ne vois pas le
problème tant que nous ne sommes pas impliqués dans
quelque chose de choquant. Mais dans le cas présent, il s’agit
uniquement de voitures … Malgré tout, c’est un
peu étrange, quand on regarde la télévision
et qu’on entend ses propres morceaux. Entendre ses compositions
dans ce contexte, c’est réellement troublant.
Certains groupes n’aimeraient pas forcément
se voir et s’entendre partout ?
La plupart des gens qui critiquent l’utilisation de chansons dans des publicité n’ont juste jamais eu la chance d’être sollicités (rires)
Certains groupes ont connu un hit interplanétaire
après avoir laissé leur morceau être utilisé
dans un pub. Mais il est aussi arrivé que ce hit ne donne
jamais aucune suite. N’est ce pas un risque ? Un succès
trop rapide ?
C’est un danger en effet. Mais si vous faites
un album et que vous avez l’opportunité que l’une
de vos chansons devienne un hit … il faut la saisir. Un seul
hit, c’est mieux que pas de hit du tout. Les gens pensent
parfois qu’un titre merveilleux peut briser le développement
d’une carrière. Mais ce qu’un titre merveilleux
montre surtout, c’est qu’il s’agit d’un
bon groupe. C’est pas parce qu’un titre est dans le
TOP20 que le groupe n’a pas cinq bons albums à côté.
Mais je vois à quoi vous faites allusion … par exemple,
il y a Breathe le single de Telepopmusik qui est dans une publicité
de Mitsubishi ou Dirty Vegas . Ça a brisé leur carrière.
Quels sont vos plans pour l’avenir ?
On va faire une tournée avec les Libertines
aux USA.
Dernière question : Comment qualifieriez
vous votre musique en trois mots?
(Rires) "SHAKE YOUR ASS"
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