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Interview  (Paris)  19 décembre 2011

Quelques mois après avoir été cordialement invitée à rendre visite à Armelle Pioline chez elle pour la sortie de L'Essentiel d'Holden, l'équipe de Froggy se retrouve de nouveau réunie chez Armelle pour, cette fois, découvrir son projet solo, SuperBravo, dont le premier album A Space Without Corner est sorti en novembre dernier. Pour l'accompagner à la guitare, il y a là Michel Peteau de Cheval Fou, qui a aussi participé à la production de plusieurs titres. Après la session, c'est le moment d'en savoir un peu plus sur A Space Without Corner et ce qu'elle cherchait à réaliser à travers cet album, alors qu'Armelle continue de jouer avec Holden à La Loge une fois par mois.

En regardant la pochette, j'ai été très surpris par les photos où on ne te reconnaît pas, ainsi que par ton nom écrit plus petit que le nom des invités dans les remerciements. C'est un projet que tu portes pourtant depuis longtemps. Peux-tu m'expliquer ?

Armelle : Ah bon ? J'avais pourtant l'impression que mon nom était partout. C'est sans doute parce que comme j'ai presque tout fait sur ce disque, j'ai eu peur d'une récurrence et qu'on voit mon nom apparaître partout. Armelle a fait ceci, Armelle a fait cela, Armelle a écrit les chansons... Je suis peut-être tombée dans l'excès inverse. Mais ce n'est pas grave, ça finira bien par se savoir que c'est moi qui me cache derrière le pseudonyme de Superbravo. (Rires)

En même temps, pour ce disque, tu restes très entourée. On note la participation de nombreux musiciens et amis.

Armelle : Globalement, cela a été un projet très solitaire. La plupart de ces chansons ont été écrites en revenant de tournées d'Holden, lorsque je me retrouvais seule avec moi-même, pour éviter cette sorte de blues qui tombe lorsqu'on rentre de tournée. J'aimais alors bien me mettre à l'orgue farfisa et écrire des chansons. L'enregistrement n'a pas du tout été réalisé en continu. Cela s'est déroulé à diverses occasions. Il arrivait par exemple que mon pote Nataf téléphone, il me proposait d'aller boire un verre et je lui répondais "pourquoi est-ce que tu ne viendrais pas plutôt à la maison ? Amène ton banjo !" Les participations se sont faites très spontanément. Il est vrai que beaucoup de gens ont joué sur ce disque, mais par petites touches délicates.

Pourquoi avoir choisi de chanter en anglais ?

Armelle : C'est dans cette langue que j'ai commencé à chanter et à écrire des chansons. Il y a aussi le fait que j'ai vécu quatre années à Dublin. Mon écriture pour A space without corner s'est donc inspirée de périodes que j'avais mises entre parenthèses avec Holden du fait que nous ayons décidé de n'utiliser que le français. C'était aussi pour prendre le contre-pied d'Holden, bien séparer les projets. Je ne voulais pas qu'il y ait d'ambiguïté ou de confusion. Mais surtout j'adore chanter en anglais, c'est une langue absolument géniale à l'oreille.

Étonnamment, sur ton disque, malgré ton long séjour à Dublin tu chantes avec un accent français. Est-ce une volonté, une marque de fabrique ?

Armelle : Pas du tout. Mon accent est la résultante de mes années à Dublin, de quelques mois passés en Angleterre et aux Etats-Unis, mais aussi du temps passé en France. J'ai certainement perdu pas mal de ces accents typiques que j'ai un peu chopés à certaines périodes. Mais je ne m'inquiète pas du tout de cela. Je ne cherche pas à sonner français, ou anglais, ou américain. C'est mon anglais, celui qui s'est forgé au fil du temps en parlant.

On trouve aussi beaucoup de sons vintage sur ton disque.

Armelle : Peut-être mon goût propre me porte-t-il vers ce genre de sons. Mais, en plus, je m'étais donnée comme contrainte de n'utiliser que des instruments qui étaient chez moi. Donc toutes les boîtes à rythmes sortent de mon farfisa, et sonnent forcément très seventies. J'ai tout composé sur le farfisa, donc les sons de clavier viennent aussi de là. Ensuite, j'ai rajouté des guitares. C'est sûr, je n'ai pas cherché la modernité.

Sur "One Of It", l'utilisation de rythmes caraïbéens est une nouveauté pour toi.

Armelle : L'inspiration pour la composition de ce titre était les girls groups des années 60, comme les Dixie Cups ou ce genre de groupes pré-Spector que j'aime beaucoup, et que j'ai découvert sur les compils Born Bad. Ma référence absolue pour ce titre a été "Iko Iko" des Dixie Cups. Sur mon titre "One of it", c'est une rythmique où se mélangent des influences africaines, sud-américaines, et des Caraïbes. J'ai monté des petites boucles pour ramener à ça, mais tout en étant très binaire, très 4/4. C'est un voyage musical, qui provient de souvenirs de morceaux des années 60 que j'aime beaucoup.

Au contraire, sur "The Angel on the riverside" et "Bite my lips", tu es sur un terrain plus proche de ton univers habituelle.

Armelle : En effet, c'est plus du rock binaire. Cet album, je l'ai conçu comme une récréation. En cela, je veux dire que c'est un disque qui m'a aidé à me changer les idées en revenant de tournée. Je ne sais pas si tous les musiciens sont comme moi mais lorsque je rentre à la maison après avoir passé pas mal de temps sur scène, je suis saisie d'un besoin de décompresser, d'une sorte de blues. Tu pars en voyage, tu joues tous les jours, il y a du bruit et des gens autour de toi en permanence. Tout d'un coup, tu rentres chez toi, tu poses tes deux guitares, ton clavier et tu te retrouves seule face à tes quatre murs. Je me suis trouvée ce disque comme antidote, pour me maintenir dans un état d'esprit où je suis portée par la musique sans forcément attendre la prochaine répèt' ou le prochain concert. Pour faire ce disque, j'ai vraiment cherché ce qui me faisait du bien, comme d'autres vont aller à la gym, faire du yoga. ou regarder un film. Je n'ai donc pas trop réfléchi à la forme que ça allait prendre. Et le fait de n'utiliser que des instruments qui étaient à ma portée, m'a certainement parfois poussée à me recroqueviller vers des paysages musicaux que je connais bien.

Pourquoi la reprise de Syd Barrett ? D'autant que sur "Lucky Number Instant Soup", dans un passage, tu chantes "Atom heart beats the drums" qui là aussi pourrait faire songer à une référence à Pink Floyd, "Atom Heart Mother".

Armelle : C'est quelque chose que j'écoute depuis toujours. Beaucoup plus Syd Barrett en solo que les Pink Floyd d'ailleurs. Syd Barrett est un artiste qui me touche beaucoup, ses mélodies, sa voix, son histoire, ses blessures, ses fêlures. C'est un artiste incroyable. Reprendre Syd Barrett justement sur ce disque un peu minimaliste me semblait cohérent. Enfin, ça me faisait plaisir d'accoler mon nom à celui de Syd Barrett sur un disque. C'est quelque chose qu'on ne s'autorise pas trop avec Holden, parce qu'une reprise en anglais au milieu d'un disque en français, c'est toujours un peu bizarre. C'était l'occasion pour moi de rendre un hommage à cet artiste que j'aime beaucoup, et qui est mort il n'y a pas si longtemps. Et même si le texte n'est pas de lui, que c'est un traditionnel, j'adore cette chanson.

Par contre, on retrouve ton goût pour le Velvet Underground plutôt sur "Killing me".

Armelle : Ce ne sont pas des références que j'ai cherchées, mais j'ai tellement écouté le Velvet que ça ne m'étonne pas tant que cela. Tu m'aurais dit que ça ressemblait à du Patricia Kaas, j'aurais été surprise. (rires)

"Cars" est un sujet de chanson qui rappelle les Beach Boys ou Gary Numan. Pour quelle raison aborder ce thème ?

Armelle : J'avais encore une très belle bagnole jusqu'à il y a un an. C'est un moyen de s'exprimer. Il y a des gens qui s'achètent la bagnole de leur rêve, et font des projets autour de cette voiture... C'est une petite métaphore sur les choix qu'on fait dans la vie. Ça explique comment on peut être en permanence insatisfait à force de ne pas faire de choix, de ne pas planifier, tout bien réfléchir, tout bien mesurer à l'avance... c'est surtout vis-à-vis du regard des autres que c'est troublant de vivre ainsi, sans forcément se projeter dans l'avenir, sans essayer de toujours tout sécuriser, d'être clair, déterminé, droit dans ses bottes. Parfois je me dis "mais comment font-ils ?" (rires)

J'aurais pu prendre un autre objet de grande consommation. La voiture, c'est d'ailleurs désuet comme signe extérieur, comme marqueur social. Mais "mobile" sonnait vraiment moins bien que "cars". (rires)

Pourquoi avoir sorti ce disque sur le label Les Disques Bien et non sur le label Watusa, le nouveau label indépendant crée par et pour Holden ?

Armelle : Encore une fois pour marquer la différence entre ce projet et Holden. Mais aussi parce que j'ai été prise de court. J'allais éventuellement le sortir sur Watusa, et puis il y a eu un grand élan solidaire de la part du label Les Disques Bien qui voulaient sortir mon projet. Les Disques Bien sont un collectif qui vote à l'unanimité pour les artistes qui sortent sur le label. Je me suis donc sentie portée. En plus, sortir "L'essentiel" d'Holden sur le label Watusa avait été un gros travail. Mocke et moi avions enfilé un costume de patron de label qui n'était pas le nôtre. J'ai bien aimé faire ça mais en même temps, cela nous avait réclamé beaucoup de temps et d'énergie. J'ai donc apprécié d'être entouré et supporté par les gens du label Les Disques Bien. Ce que je préfère faire, c'est écrire. La vie passe vite, alors si je commence à sortir mes disques, à organiser mes concerts, cela me laissera peu de temps pour l'écriture. Je préfère donc déléguer et c'est très bien comme ça.

Vas-tu justement défendre ce disque en tournée ?

Armelle : J'ai souvent joué ces chansons l'année dernière. Tous mes potes savaient que j'avais ce projet solo alors ils m'invitaient en première partie. J'ai joué presqu'une cinquantaine de dates. Lorsqu'il s'est avéré que le disque allait sortir sur Les Disques Bien, je me suis plus investie dans la finalisation de l'enregistrement, et j'ai laissé de côté la scène. Je n'ai donc trouvé un tourneur que récemment. Il y aura un décalage entre la sortie du disque et la tournée, mais je vais le faire vivre en live au printemps. Nous serons au moins en duo avec Michel, mais certainement y aura-t-il aussi un batteur avec nous.

Tu as aussi participé sous le nom de SuperBravo au disque "La Piscine" de Laetitia Sadier, la chanteuse de Stereolab.

Armelle : C'est un label de Bordeaux qui a donné carte blanche à Laetitia, avec qui je suis très complice. Laetitia composait les musiques et branchait des amis musiciens. J'ai écrit pour un morceau. C'est une humble participation, mais je suis contente d'y avoir participé parce que "La Piscine" est un très beau disque.

Enfin, concernant Holden, Mocke et toi êtes-vous satisfaits de la manière dont les nouveaux morceaux du prochain album se mettent en place sur scène à La Loge où vous êtes en résidence ?

Armelle : Oui, c'est super. C'est la première fois qu'on fait ça. D'habitude, on écrit, on enregistre et on interprète les chansons sur scène ensuite. Là, on les interprète d'abord devant un public. C'est assez excitant. On voit tout de suite si ça accroche, si on prend plaisir à jouer. On a déjà joué quatre nouveaux morceaux en live. Bientôt on aura entièrement joué notre nouvel album sur scène avant même de l'avoir enregistré.

Pour terminer, conserves-tu pour SuperBravo la définition de "rock noble et engourdi" que tu avais utilisé il y a quelques mois ?

Armelle : C'est Flop, un artiste des Disques Bien, qui avait trouvé cette formule. J'ai trouvé ça super, alors je garde bien sûr. C'est du rock noble et engourdi, ce qui enlève déjà un peu de noblesse. (rires)

Retrouvez SuperBravo
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L'interview de SuperBravo (samedi 11 mars 2017)

En savoir plus :
Le site officiel de SuperBravo
Le Soundcloud de SuperBravo
Le Facebook de SuperBravo

Crédits photos : Thomy Keat (Retrouvez toute la série sur Taste of Indie)


Laurent Coudol         
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