Cela vous touchera certainement d'abord par son assez gros son, ce rock électrique instable et frétillant – d'explosions en décharges, les yeux pas loin des chaussures, fixant. Les doigts coincés dans la prise électrique d'un ampli surwatté, en somme.

Pour son troisième album, le groupe français joue à fond la carte du single, certainement décidé à pousser un peu plus loin l'expérience de la notoriété goûtée avec le repérage par les Inrockuptibles il y a une bonne décade déjà. Alors le quartet propose une collection de treize vignettes aux prétentions d'indie-tubes, et l'on ne s'en plaint pas forcément, vu le niveau des compositions et le soin mis à les mettre en valeur. Jetez un œil sur le clip ciné-geek jouissif de "Pursuit", éponyme et premier single, sur le manga abstrait qui illustre "Brother", deuxième single et titre d'ouverture du disque.

Reste que, sur la durée, cet "album de la maturité" prend le risque d'insupporter les moins jeunes, avec son incapacité à se poser, à prendre le temps de créer une ambiance, à creuser un sillon, avec son avidité, son instabilité, ses directions éclatées, multiples, changeantes...

Mais ce qui est ainsi remis en question, c'est moins la qualité des morceaux, dignes des Rapture de la première époque, une chaude frenchy touch en plus ; c'est plutôt l'automatisme et la prédominance d'un format commercial parfois mal adapté.

L'on regrettera donc, oublieux des contingences de la production, du commerce et de la promotion, que Stuck in the Sound ne soit pas allé au bout de la démarche, proposant ses titres pour ce qu'ils sont : des singles, au micro-univers soigné, mais difficiles à assortir avec évidence sur une durée plus longue.