Spectacle de théâtre musical écrit et mis en scène par Gérald Garutti, avec Anouk Grinberg accompagnée par les musiciens Naaman Sluchin, Dana Ciocarlie, Alexis Küne et Samuel Maquin.
Longtemps après avoir quitté le Vingtième Théâtre résonnent chez le spectateur les échos du violon de Naaman Sluchin, du piano de Dana Ciocarlie et du duo accordéon-clarinette d’Alexis Kune et Samuel Maquin, interprètes de cette musique klezmer qui ressuscite la joie du Yiddishland avant les terribles épreuves de l’ère nazie.
Cette fusion musicale, toujours harmonieuse, jamais chaotique, comprend un dernier instrument : la voix d’Anouk Grinberg, vibrante d’émotion naïve et porteuse d’une colère tempérée par une intense espérance. La comédienne lit la vie d’Haïm Lipsky, enfant de Lodz saisi par la musique et sauvé miraculeusement par elle.
Le texte de Gérald Garutti cherche la simplicité sans effets mélodramatiques. En quelques mots, appuyés par les musiques et quelquefois par des chants, il illustre la vérité d’Haïm Lipsky, un homme comme les autres, mais avec un trésor en plus : son violon.
Cet autodidacte n’aura jamais gagné sa vie avec sa musique. Et pourtant, il l’aura servi mieux qu’un virtuose en adoucissant les peines des siens, d’abord dans le ghetto de Lodz, puis à Auschwitz où il intégra l’"orchestre” du camp. Obligé d’interpréter des airs populaires, toujours les mêmes, pour accompagner les déportés vers leur supplice, il mit tout son cœur et toute son âme de grand musicien pour que ses quelques notes soient plus fortes que l’inhumanité.
Mais "Haïm" est synonyme de "vie" et la vie est là, bien vivante sur scène, puisque Naaman Sluchin est le propre petit-fils de Haïm Lipsky, désormais patriarche d’une dynastie de musiciens. Il a survécu et mieux encore il a transmis sa passion.
En entendant Naaman Sluchin interpréter divinement Mendelssohn, ce compositeur que d’aucuns traitaient de "dégénéré", on aura compris que le spectacle de Gérald Garutti n’est pas qu’un simple spectacle musical : c’est un éloge à l’art, à sa beauté, à la puissance de l’esprit qui la crée.
Quant à son fil conducteur, dénoué chaleureusement par Anouk Grinberg, sa leçon d’humanité ne peut que toucher profondément.
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