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Théâtre Le Lucernaire  (Paris)  février 2012

Comédie dramatique écrite et mise en scène par Jean Petrement, avec Alain Leclerc, Jean Petrement, Lucien Huvier et Diana Laszlo.

"Proudhon modèle… Courbet" met en présence, dans le cadre d’une joute philosophique et politique souvent plus jubilatoire que grave, le philosophe libertaire Pierre-Joseph Proudhon, et le peintre Gustave Courbet, compatriotes franc-comtois liés par une relation d’amitié et d’admiration réciproque alors même que, apparemment, tout les opposait.

Fils de propriétaire terrien proche du peuple, Courbet est un homme charnel, épicurien et jouisseur, hypersensible et colérique, et un peintre déchiré entre une ambition dévorante contrariée par les "suppôts" de l’académisme et le besoin de reconnaissance officielle, la proclamation de l’indépendance absolue de l’artiste et le pragmatisme économique. Républicain, il sera un des élus de la Commune et, à ce titre, condamné à 6 mois de prison en 1871 pour être tenu pour responsable de la destruction de la colonne Vendôme dont il avait proposé officiellement le déplacement.

D’origine plébéienne, Proudhon est un homme à la personnalité mosaïque et quelque peu paradoxale. Austère, puritain et moraliste, il a tout d’un moine laïc qui serait athée. Misanthrope et misogyne, il est le théoricien de la révolution anarchiste, de la démocratie ouvrière et de la socialisation de la liberté individuelle. Journaliste virulent, il a été condamné à la prison pour délit de presse d’offense au président de la République.

En 2009, à l’occasion du bicentenaire de la mort du Proudhon natif de Besançon, où est établie la Compagnie Bacchus dont il est fondateur et directeur, Jean Pétrement écrit et crée ce spectacle reposant sur un entretien fictif qui, judicieusement, va au-delà du théâtre de dialogues et du théâtre d’idées, basés sur l’opposition et l’affrontement des contraires et qui s’avère une bien belle réussite.

En effet, à partir d’un débat sur l’art en prenant intelligemment comme levier dramaturgique la dualité réalisme/idéalisme, il parvient, tout en ne perdant pas de vue les finalités de ce qui demeure un spectacle, à rendre passionnant l’affrontement entre le théoricien du socialisme et le peintre du réalisme et àévoquer les faiblesses de l’homme qui derrière la figure passée à la postérité (la mégalomanie narcissique de Courbet, l’hygiénisme social de Proudhon).

De même, il aborde les grandes thématiques débattues à une époque de bouillonnement politique qui mènera à la Commune et qui n’ont rien perdu de leur acuité (l’art et le pouvoir, la démocratie, le libéralisme économique, le féminisme) tout en déjouant le caractère réducteur et artificiel du huis-clos avec l’intervention en contrepoint de deux autres personnages, qui représentent deux figures archétypales, la femme "moderne" avec le modèle du peintre et le peuple avec le paysan buté et conservateur.

Ainsi, à partir d’un l’argument liminaire consistant en la demande faite à Proudhon, qui a le vent en poupe, par Courbet, orgueilleux refusant de soumettre au jury de sélection l’œuvre qu’il veut présenter au Salon de l’Exposition Universelle, l’emblématique "L’Atelier", dont il pressent le refus, et vaniteux menaçant d’exposer en indépendant dans un "pavillon du réalisme", à Proudhon, de lui écrire un livret de présentation, Jean Pétrement a écrit une fiction au texte intelligent et savoureux, sans dogmatisme ni didactisme, et aux dialogues percutants, aussi drôles parfois que vifs.

Il assure également la mise en scène sans affectation de cette partition qui permet aux comédiens, tous excellents, un beau travail d’incarnation de personnages jamais manichéens dans une scénographie de Magali Jeanningros qui reconstitue l’atelier rudimentaire de Courbet à Ornans et compose avec le réalisme en procédant à une double mise en abîme du fameux tableau dont une esquisse est reproduite sur toile en fond de scène.

Alain Leclerc se délecte à interpréter les misères et fulgurances d’un Courbet paillard asticoté par un Proudhon à qui Jean Pétrement compose une face de carême aussi aigüe que pontifiante dans ses analyses et tous deux se laissent parfois damer le pion par la pétulante Diana Lazlo, la sensuelle modèle-maîtresse du peintre qui n’a pas froid aux yeux ni sa langue dans la poche, préfiguration du féminisme à venir, et Lucien Huvier, en paysan obtus mais au truculent parler franc-comtois.

 

MM         
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# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine

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Du côté de la musique :

"Génération (tome 1)" de Ambre
"Out" de Fishtalk
"Take a look at the sea" de Fontanarosa
"Venus rising" de Trio SR9 & Kyrie Kristmanson
"Perpétuel" de Vesperine
"Liminal status" de Watertank
"The great calm" de Whispering Sons
"Keep it simple" de Yann Jankielewicz , Josh Dion & Jason Lindner
Quelques nouveautés en clips avec Isolation, Resto Basket, Greyborn, Bad Juice, Last Temptation, One Rusty Band, We Hate You Please Die
nouvel épisode du Morceau Caché, consacré à Portishead
et toujours :
"Kit de survie en milieu hostile" de Betrand Betsch

"Let the monster fall" de Thomas de Pourquery
"Etat sauvage" de Chaton Laveur
"Embers of protest" de Burning Heads
"Sin miedo" de Chu Chi Cha
"Louis Beydts : Mélodies & songs" de Cyrille Dubois & Tristan Raës
"Arnold Schönberg : Pierrot lunaire" de Jessica Martin Maresco, Ensemble Op.Cit & Guillaume Bourgogne
"C'est pas Blanche-neige ni Cendrillon" de Madame Robert
"Brothers and sisters" de Michelle David & True Tones
"Prokofiev" de Nikita Mndoyants
"Alas" de Patrick Langot, Alexis Cardenas, Orchestre de Lutetia & Alejandro Sandler
"Symptom of decline" de The Black Enderkid
"Tigers blood" de Waxahatchee
"Not good enough" de Wizard

Au théâtre :

les nouveautés :

"Sonate d'automne" au Théâtre Studio Hébertot
"Frida" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses

"Preuve d'amour" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Après les ruines" au théâtre La Comète de Chalons En Champagne
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Royan, la professeure de français" au Théâtre de Paris
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
et toujours :
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche
"Partie" au Théâtre Silvia Monfort
"Punk.e.s" Au Théâtre La Scala
"Hedwig and the angry inch" au théâtre La Scala
"Je voudrais pas crever avant d'avoir connu" au Théâtre Essaïon
"Les crabes" au Théâtre La Scala
"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
des reprises :
"Macbeth" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Le déserteur" de Dani Rosenberg
"Marilu" de Sandrine Dumas
"Que notre joie demeure" de Cheyenne-Marie Carron
zt toujours :
"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

Lecture avec :

"Hervé le Corre, mélancolie révolutionnaire" de Yvan Robin
"Dans le battant des lames"' de Vincent Constantin
"L'heure du retour" de Christopher M. Wood
"Prendre son souffle" de Geneviève Jannelle
et toujours :
"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
"L'empire britanique en guerre" de Benoît Rondeau
"La république des imposteurs" de Eric Branca
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