Texte de Jean-Luc Lagarce, mise en scène de Laurent Caruana, avec Danièle Meyrieux, Zoé Tellier (en alternance avec Emilie Granier et Orlando Duchamp (en alternance avec Eric Tchekhoff).
Dans le passé, des livres étaient offerts aux jeunes gens, aux jeunes filles pour leur apprendre les façons de se comporter, de soigner un mari, des enfants, d'entretenir une maison. Ainsi chacun savait-il ce qu'on attend de l'un comme de l'autre dans la vie future commune.
Dans "Les Règles du Savoir Vivre dans la société moderne", Jean-Luc Lagarce ravive ces rituels du passé en s'inspirant du livre de la Baronne Staffe, auteure du 19ème siècle : "Usage du monde, Règles du savoir-vivre dans la société moderne".
Les évènements de la vie que sont la naissance et la déclaration du bébé , la demande en mariage, le mariage, les anniversaires de mariage, l'enterrement et la fin du deuil font l'objet de procédures très strictes à respecter pour ... pourquoi, au juste ? Pourquoi ces règles, ce code de comportements ?
Pour continuer à obéir à quelque chose, pour ne pas penser, inventer, pour ne pas sortir du rang ... n'être qu'un maillon dans une chaîne continue de générations, d'hommes et de femmes qui ont suivi les lois de leurs parents, pour paraître civilisés ou urbains, pour se! distinguer de ceux qui n'ont pas de manières, pour cacher l'animal sous une chemise boutonnée jusqu'au cou, un corset-cage.
Danièle Meyrieux est la Baronne, l'éducatrice. Les règles bien intégrées, elle se fait un devoir de les transmettre, comme des évidences, comme une eau qui coule, une voie à suivre. Bienveillante avec les parents, avec la jeunesse, elle parle d'un ton badin de la naissance et de la mort ... oui, une chose, somme toute envisageable que la mort ... même pas un accident... une possibilité à laquelle il existe une réponse : donner des parrains et des marraines jeunes pour pallier la disparition précoce des parents, ou entamer une période de deuil avec son costume de circonstance pour une durée raisonnable.
Elle est légère la Baronne, elle n'en surveille que mieux le couple de jeunes gens promis au mariage (Zoé Tellier et Eric Tchekhoff), pantins muets d'une négociation. Monde aride où les sentiments ne sont qu'accessoires, où la vie n'est qu'une suite d'épisodes attendus. Monde étouffé, confortable de certitudes, qui transpire la manipulation et l'ennui.
La mise en scène de Laurent Caruana incruste quelques vidéos dans le cours de la pièce, des références à des films de famille d'aujourd'hui : le baptême, le mariage, la veillée du mort.
Rappel subtil que les rites nous survivent toujours, dans leur magie permanente, ces étapes initiatiques, une sorte de va-et-vient entre une vie individuelle et une appartenance sociale. |