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puce Le roi n'a pas sommeil
Cécile Coulon  (Editions Viviane Hamy)  novembre 2011

En 2010, à vingt ans à peine avec "Méfiez-vous des enfants sages" qui explorait de l'intérieur le mal-être adolescent, Cécile Coulon s'affichait, par sa belle maturité, en tête de liste des jeunes auteurs prometteurs.

Un auteur prometteur par une écriture très maîtrisée et le choix d'un genre littéraire classique, le roman, qui la démarque du gros de la troupe versée dans l'autofiction bobo-urbaine, et qui tient ses promesses avec ce second opus publié aux Editions Viviane Hamy attestant également d'un working process très réfléchi.

Si la thématique comme l'ancrage dans l'Amérique profonde, ce dernier dont elle dit qu'il lui permet de faire ses gammes, sont identiques, le point de vue et le registre narratif sont cependant radicalement différents.

A la narration à la première personne en temps réel par le personnage principal qui permettait une approche de l'intérieur de la psychose pubertaire, s'y substitue, dans "Le roi n'a pas sommeil", la focalisation externe avec un récit narratif en forme de flashback qui ne fournit au lecteur rationaliste que quelques esquisses causales.

Avec la plume anonyme du conteur qui, bien longtemps après que les faits que soient déroulés, s'empare d'un faits divers, l'histoire du fils maudit, devenu légende via la mémoire collective, Cécile Coulon raconte de manière distanciée, sans verser dans le psychologisme y préférant le déterminisme du lieu immanent, la tragédie du fils Hogan qui illustre le drame de la jeunesse victime de démons invisibles.

Les Hogan ne constituent toutefois pas une famille à saga mais une cellule familiale réduite à un couple, dont les origines sont passées sous silence, car tout commence avec l'acquisition de la belle propriété d'un petit bourg - le lieu constituant l'acteur déterminant - acquise par le père, William, propriété qui l'avait toujours fait rêver et dans laquelle il a investi son héritage.

Mais il doit travailler dur pour vivre avec son épouse Mary, une femme aimante et docile. S'il est courageux et volontaire, c'est aussi un homme brutal, colérique et buveur sur lequel plane une réputation de fou à lier ("le père portait en lui cette horreur fréquente chez les hommes de la campagne, cette humeur noire qui anéantit tout autour d'elle-même"). Une blessure infectée l'emporte à la fleur de l'âge avant qu'il ait eu le temps de voir son fils grandir.

Nourrisson chétif, enfant sage, bon élève, Thomas devient un adolescent silencieux et triste puis un jeune homme puissant ("une forteresse de chair") toutefois aussi solitaire que fragile ("quiconque se serait adressé à lui aurait deviné l'agneau planqué derrière la carcasse du loup mais Thomas avait gardé sa timidité d'enfant").

Et, surtout, il porte en lui, simultanément, une mélancolie sombre et une violence atavique ("Il y avait quelque chose de son père en lui, un mauvais sang qui roulait dans ses veines, l'écume avant l'orage") qui expliquera peut-être le raptus qui va faire basculer son destin.

Le contexte de la frustre Amérique rurale et le naturalisme des personnages, qui portent encore en eux la rudesse de leurs aïeuls pionniers de la conquête de l'Ouest, rappellent évidemment la veine romanesques de certains auteurs américains dont notamment John Steinbeck, référence au demeurant induite par la citation en exergue d'une phrase extraite de son roman "Rue de la Sardine" ("Tout ce qu'il avait fait dans sa vie lui remontait au coeur et à l'esprit ; tout ce qu'il avait fait était mal").

Mais l'économie de moyens, par l'absence de références précises et d'explications rationnelles, qui laisse ouvert le champ de l'imaginaire du lecteur et la noirceur du destin, intimement lié au lieu, de personnages ordinaires aux vies ratées ne sont pas sans évoquer la plume de Georges Simenon. Comme ce dernier, Cécile Coulon plante le décor et l'atmosphère avec l'authenticité nécessaire à l'immersion du lecteur dans l'extrême vulnérabilité de la condition humaine.

Tout pour enthousiasmer le lecteur averti qui attendra patiemment que cette jeune auteure qui pratique la littérature comme certains abordent la technique pianistique, de manière méthodique et progressive, prenne son envol en laissant ses doigts improviser sur son clavier bien tempéré.

 

A lire sur Froggy's Delight :
La chronique de "Seule en sa demeure" du même auteur
La chronique de "Méfiez-vous des enfants sages" du même auteur
La chronique de "Le rire du grand blessé" du même auteur
La chronique de "Le coeur du pélican" du même auteur
La chronique de "Trois saisons d'orage" du même auteur
La chronique de "Une bête au paradis" du même auteur


MM         
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# 12 mai 2024 : Après les ponts vient la pluie

Un printemps décidément capricieux mais quelques jours de beau temps avant un nouveau déluge. Ici c'est un déluge de musique, spectacles ou livres qui nous attend.
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Du côté de la musique :

"Following the sun" de Alexis Valet
"Batist & the 73'" de Batist & The 73'
"El magnifico" de Ed Harcourt
"Big anonymous" de El Perro Del Mar
Petit coup d'oeil sur le Festival Paysage Pop #2
"Until now" de Gabriel Pierre
"A kingdom in a cul-de-sac" de Ha The Unclear
"Dysphorie" de Intrusive Thoughts
"Family affair" de Kokopeli
"La balade sauvage" de Nicolas Paugam
"Korzéam" de Thibaut Wolf
"Folk tales of today" de Two Magnets
et toujours :
nouvel épisode du Morceau Caché intitulé "Session de rattrapage 6"
"Le souffle de l'Hybris" de AA & Les Oneiroi
"Murmuration" de Darius
"Creatures lies" de Isolation
"On ne sait jamais" de Jéhan
"Newcastle" de Prudence Hgl
"Colliding spaces" de The Everminds
quelques clips : Comédie Noire, Hermetic Delight, Gogojuice, Cosmopaark, l'Ambulancier, No Money Kids

Au théâtre :

les nouveautés :

"L'affaire Rosalind Franklin" au Théâtre de la Reine Blanche
"Un mari idéal" au Théâtre Clavel
"Chère insaisissable" au Théâtre Le Lucernaire
"La loi du marcheur" au Théâtre de la Bastille
"Le jeu des ombres" au Théâtre des Bouffes du Nord
et toujours :
"Capharnaüm, poème théâtral" au Théâtre de la Cité Internationale
"Jean Baptiste, Madeleine, Armande et les autres" au Théâtre Gérard Philipe
"Majola" au Théâtre Essaïon
"Mon pote" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
"Tout l'or du monde" au Théâtre Clavel
"Dans ton coeur" au Théâtre du Rond Point
"Du pain et des jeux" au Théâtre 13 Bibliothèque
"Vernon Subutex" au Théâtre des 2 Rives
"37 heures" au Théâtre la Flèche
"Fantasmes" au Théâtre La Croisée des Chemins
des reprises :
"Rembrant sous l'escalier" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Roqya" de Saïd Belktibia

"L'esprit Coubertin" de Jérémie Sein
et toujours :
"Le déserteur" de Dani Rosenberg
"Marilu" de Sandrine Dumas
"Que notre joie demeure" de Cheyenne-Marie Carron
"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

Lecture avec :

"De sable et d'acier" de Peter Caddick-Adams
"Je ne suis pas un héros" de Eric Ambler
"Après minuit" de Gillian McAllister

"C'était mon chef" de Christa Schroeder
"L'embrasement" de Michel Goya
"Nouvelle histoire d'Athènes" de Nicolas Simon

"Hervé le Corre, mélancolie révolutionnaire" de Yvan Robin
"Dans le battant des lames"' de Vincent Constantin
"L'heure du retour" de Christopher M. Wood
"Prendre son souffle" de Geneviève Jannelle
et toujours :
"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
"L'empire britanique en guerre" de Benoît Rondeau
"La république des imposteurs" de Eric Branca
"L'absence selon Camille" de Benjamin Fogel
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