Comédie dramatique écrite et mise en scène par Jean-Christophe Dollé, avec Clothilde Morgiève, Benjamin Tual, Marie Réache (en alternance Vanessa Ricci), et Jean Christophe Dollé.
Quatre schizophrènes dans un hôpital de jour. Leurs tentatives pour communiquer, leurs confessions et leurs vies entre parenthèses, handicapées par leurs visions incessantes.
"Abilifaïe Léponaix" (nom de deux médicaments) mêle témoignages audio et scènes courtes dans ce lieu loin des regards de la société où chacun essaye de reprendre le contrôle sur sa vie.
La Compagnie Fouic théâtre à qui l’on doit le très original "Blue.fr" revient avec un nouveau spectacle inclassable et fort.
Jean-Christophe Dollé, après s’être documenté et avoir recueilli des témoignages, propose une approche sur un sujet rarement évoqué au théâtre. Il réalise un spectacle esthétiquement très réussi et qui parvient à montrer l’intime des schizophrènes en évitant l’écueil du glauque ou du pathos. "Abilifaïe Léponaix" a en outre le mérite de faire sortir le sujet des murs de l’hôpital et de donner une voix aux malades.
Dans une belle scénographie d’Adeline Caron, rideaux de douche lacérés de haut en bas, et l’accompagnement sonore très réussi de Michel Gertier qui s’ajoute à la musique de Jean-Christophe Dollé, les quatre comédiens nous emportent totalement dans leur univers parallèle inquiétant et vertigineux. Les quatre malades laissent transparaître une immense souffrance intérieure qui ne s’oublie qu’en de trop rares moments.
Vanessa Ricci et Benjamin Tual sont époustouflants d’émotion. Jean-Christophe Dollé compose un personnage buté et las qui marque. Clotilde Morgiève, après le précédent spectacle, prouve une fois encore qu’elle est une immense comédienne. Son personnage est inoubliable.
De commentaires croisés en intermèdes chorégraphiés, Jean-Christophe Dollé installe une nouvelle fois, après "Blue.fr", sa patte de metteur en scène et parsème d’humour un sujet grave qui pourrait vite être étouffant.
Ici, même si l’émotion nous gagne, on retient surtout la vibrante humanité d’individus à la recherche d’eux même et essayant de retrouver un lien avec les autres, à l’image de cette scène magnifique et intense où, maladroitement, Soizic et Maxence tentent d’entrer en contact.
Magnifique ! |