Les champignons produiraient donc cet effet là ?
En tout cas, c'est ce que semble suggérer Portugal. The Man pour son tout nouvel album In the Mountain in the Cloud. Tous quatre posent piégés dans des sillons cannibales peuplés de drôles de bestioles colorées. Comme un retour dans les années 70. Comme une invitation parfaite pour un voyage hallucinogène.
Pour alimenter la blague : et bieeeen nooooon ! Le groupe ne vient pas du Portugal... non ! Ils sont à l'opposé même de ces chauds paysages : tout droit venu d'Alaska. Voilà déjà six ans, deux cerveaux bouillonnants et vibrants, Zachary Caroters et John Gourley, décident de s'unir pour donner vie au projet : Portugal. The Man. Et, sûrement pour toucher de doux rêves chauds, ils créent de toute pièce cette univers classé "psychédélique".
Et c'est parti pour le trip. Dès l'ouverture, "So American" donne cette impression de décoller vers le ciel : "in the cloud", comme Portugal. The Man l'annonce. Ils ne nous ont pas menti. La suite m'entretient dans cette douce hallucination. "Floating", "Share with me the sun"… un à un les morceaux distillent leurs compositions de bout en bout aériennes. Un brouhaha saturé et savamment contenu les caractérise. "Once Was One" en est un exemple criant. Changements de rythmes, guitare planante… symbolisent très clairement ce côté psychédélique fanfaronné par le groupe. Et sur ce nuage musical, il y a cette voix de John Gourley, particulièrement aiguë.
Cette voix... Voilà le malheureux hic de cet album. Oh, on pourrait mettre l'accent sur ce côté surfait, trop gai, trop pays merveilleux. Mais il correspond à cette hallucination qu'entretient le groupe. Non ! De titre en titre, cette voix saturée à l'extrême me dérange, me donne envie de changer de titre. Pense-t-il qu'il doit traverser le rêve ? Mais non Gourley ! Tu n'as pas besoin de t'égosiller comme ça ! Cette gêne passée, je réécoute à plusieurs reprises "All Your light". Rythme et dureté des incursions de voix y fusionnent pour donner un des morceaux les plus aboutis.
Par curiosité, je pars explorer les versions acoustiques prises sur le vif. Je me rends compte que derrière les décibels et les effets de saturation, l'ensemble est moins traitre pour l'oreille, moins agressif, plus joli, plus naturel. Dommage, pour cette fois, ce voyage ne sera qu'une demi-hallucination. Parfois, la simplicité est suffisante. |