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Catherine Nay  (Editions Grasset)  mars 2012

Après "Un pouvoir nommé désir", paru en 2007, qui dressait la biographie autorisée de Nicolas Sarkozy à l'aube de sa mandature à la tête de l'Etat français, et qui révélait son empathie critique à l'égard du nouveau Président, Catherine Nay publie en 2012 "L'impétueux".

Sous la forme du roman d'un Président et de la chronique d'un quinquennat placé sous l'égide de "Tourments, tourmentes, crises et tempêtes", le pavé lourd de près de 700 pages, se présente essentiellement comme un plaidoyer et une ode au Président-candidat qui brigue un second mandat alors que ni le bilan du quinquennat ni sa côte de popularité ne militent en faveur de sa réélection.

Entrée en journalisme en 1968 et formée à l'école de l'Express sous l'ère Françoise Giroud, aujourd'hui éditorialiste à Europe 1, Catherine Nay dispose donc non seulement d'un thésaurus considérable et de première main sur la vie politique française depuis 40 ans mais également d'une plume intelligente et efficace.

Manifestement séduite par la personnalité de Nicolas Sarkozy ("le nouveau Président est un conquistador doté d'une force de conviction hors du commun, plus tacticien que stratège, hypermnésique", "sa personnalité fascine autant qu'elle indispose, mais elle captive toujours sans lasser. Car il crée sans cesse l'événement convoque ses opposants sur son terrain, a toujours sur eux deux temps d'avance"), elle est dithyrambique même si elle le peint comme un colosse aux pieds d'argile dont le point faible est la fragilité émotionnelle. Sans doute apprécie-t-elle les hommes de pouvoir qui peuvent être sous "influence" féminine.

Car, comme le chantait France Gall, notre président de la République est un homme qui a besoin d'amour. Et là réside l'articulation de son argumentaire partisan : faire l'amalgame entre l'homme et le Président de la République, l'intime et la fonction, usant de la faiblesse alléguée du premier pour dédouaner les faill(it)es du second.

Ne pouvant pas nier les erreurs et échecs intervenus au cours du quinquennat, elle use d'une stratégie délicate à manier, la victimisation, et une victimisation tous azimuts - si Nicolas Sarkozy a failli c'est qu'il est victime de sa vie privée, des institutions et de l'incompétence de ceux qui l'entourent - dont les armes sont les excuses absolutoires et/ou atténuantes.

S'agissant du début calamiteux du quinquennat, elle invoque une excuse absolutoire, et, au cas où celle-ci n'emporterait pas totalement la conviction, une excuse atténuante personnelle.

Nicolas Sarkozy n'est pas le responsable mais la victime de tous les couacs du début du quinquennat qui sont le fait délibéré de celle qui était encore son épouse, la méchante et cyclothymique Cécilia, qui l'a laissé dans un état catastrophique : "sentimentalement à la dérive, meurtri par un divorce et humilié", écrit-elle, "le vainqueur du 6 mai est un vaincu de l'amour".

Catherine Nay ne cache pas son hostilité envers Cécilia, "femme qui avait toujours vécu avec la carte de crédit de ses maris", qui, non seulement, a séduit, trompé et abandonné son mari mais a "fait le vide autour d'eux, le mâle dominant validant toutes les fatwas de la part non négociable de moi-même ainsi qu'il l'avait qualifiée jadis".

Ainsi est-elle la seule responsable des deux erreurs originelles du quinquennat, la réception privée du Fouquet et la croisière de luxe à Malte. Ensuite, elle l'a manipulé pour montrer sa puissance face à son amant refroidi ("une femme n'est puissante que par le degré de malheur dont elle peut punir son mari"). Enfin, elle serait à l'origine de la campagne de dénigrement de Carla ("celle qui a refusé d'être reine, mais qui enrage d'être si vite remplacée, règle ses comptes avec son ex. L'amour comme la guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens").

Ensuite, autant la plume de Catherine Nay est intraitablement à charge envers Cécilia autant elle est élogieuse quand il s'agit de celle qui allait devenir la nouvelle Madame Sarkozy.

Bien que précédée d'une réputation de "croqueuse d'hommes", Carla Bruni n'est pas une allumée du réchaud mais une "femme de conquêtes" et "une des 20 mannequins les plus riches et les plus glamour, une artiste internationale, parolière inspirée au vocabulaire subtil, elle est douée, son timbre a une tessiture feutrée, rauque, sensuelle, un miaulement dans du papier de soie".

A 40 ans, Carla Bruni, qui déclarait être monogame de temps en temps, mais préférer la polygamie et la polyandrie, "hard-croqueuse de célébrités dont la moitié figure au Rock and Roll Hall of Fame et l’autre dans les vitrines des librairies de Saint-Germain-des-prés", comme l'écrit Christophe Conte dans sa version satirique du quinquennat intitulée "Bling", songe à s'établir.

Cela étant, femme oblige, Catherine Nay n'est pas totalement dupe de la dame qui "sait à merveille jouer les ingénues officielles" et pour qui "séduire après moult célébrités un président connu du monde entier est un beau challenge".

Et pour décrocher, comme elle l'écrit, le pompon du manège, c'est le mariage sinon rien. Pas question de jouer les back-street comme Anne Pingeot. Pour devenir la première dame de France, Carla Bruni ne mégotera pas : elle apporte en dot la moitié de sa fortune, estimée en 2008 à plus de 18 millions d'euros. Des charmes qui agiront positivement sur le Président.

Et Catherine Nay n'est pas totalement dupe non plus de ce coup de foudre aussi providentiel pour Carla Bruni que Nicolas Sarkozy qui, bien que KO, veut "une revanche - et vite - pour effacer l'affront". Et il battra de vitesse Cécilia qui se remarie en mars 2008 en épousant en février 2008, une femme plus riche en euros et moins riche de dix années.

Avec toutes ses qualités, Carla Bruni a réussi à apaiser le Président qui désormais mène une vie rangée de fonctionnaire : boulot ("président le plus travailleur de la 5ème république post-gaulliste"), un DVD avec bobonne, une tisane et au lit.

Mais, après le feuilleton digne de la série télévisée "Les feux de l'amour" sous lequel sont placées les années 2007 et 2008, quid des couacs des années subséquentes ? Et bien Catherine Nay n'est pas en peine : nouvelles excuses atténuantes qui tiendraient aux institutions et aux hommes qui entourent le Président.

Catherine Nay quitte alors la sphère privée au profit de la sphère politique pour dresser une chronique objective et circonstanciée des grands moments du quinquennat pour lequel "les déceptions au plan intérieur sont compensées par l'éclat du sarkozysme international" et trouve des élans saint-simoniens pour évoquer le panier de crabes qu'est le microcosme politique.

Faut-il se remémorer tous ses événements et pseudo-événements qui ont fait la une des journaux, le Mouammar show, le feuilleton Bettencourt et la libération d'Ingrid Betancourt, le bouclier fiscal ("la petite sardine qui a bouché le port") qui bénéficie surtout aux fortunes acquises qui ne sont pas investies dans des entreprises qui font marcher l'économie, la Bérézina des municipales et des cantonales de mars 2008, la présidence européenne, la raclée des régionales de 2010, le bras de fer de la réforme des retraites...

Et la dette impossible à réduire tant la fuite des dépenses s'amplifie et Catherine Nay donne des chiffres peu souvent affichés (l'exonération des charges patronales et salariales pour les marins-pêcheurs : 21 millions d'euros par trimestre, baisse de la TVA pour les restaurateurs : 3 milliards d'euros...). Et l'aveu d'impuissance du Premier Ministre quant au comblement de la dette ("Nous n'avons pas le choix. Ne rien faire nous coûterait bien plus cher et nos finances publiques s'en trouveraient ruinées par l'effondrement des recettes fiscales et l'explosion des dépenses induites par la montée rapide du chômage").

Ne reste plus qu'à aller voter ! Et Catherine Nay incite à réélire Nicolas Sarkozy : "le candidat président qui a le don de capter la lumière et d'affadir les autres acteurs de la vie politique", "un personnage hors du commun face à Hollande qui se définit comme un homme normal".

 

MM         
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