Comédie de Murray Schisgal., mise en scène de Julia Allouache, avec Patricia Morejón et Pierre Prod'homme.
Le dramuscule en un acte, "Les dactylos", de l'américain Murray Schisgal est traditionnellement monté comme une tragi-comédie illustrant à travers le quotidien du travail de bureau de deux dactylos de sexe opposé et en un raccourci sidéral, la quintessence de la condition humaine caractérisée par une vacuité tout aussi sidérale, l'essentiel n'étant d'ailleurs pas tant dans les paroles échangées que dans ce que l'auteur laisse le soin au spectateur d'imaginer ou de projeter.
Pour sa première mise en scène, Julia Allouache a opté pour un parti-pris dramaturgique aussi radical que singulier en procédant à une contraction du temps, l'espace-temps d'une journée de travail, et en substituant, comme elle l'indique dans sa note d'intention, le plastique au pyschologique par la forme du "spectacle-installation".
Un espace scénique géométriquement circonscrit au sol par un carré sans issue, une table, deux chaises et deux cubes blancs ouverts symbolisant tout autant la machine à écrire que l'être et le vécu des deux protagonistes, composent ce qu'elle conçoit comme "un non-lieu" pour élever le spectacle au niveau métaphysique.
Plus que dans la distanciation, les deux comédiens, Patricia Morejón et Pierre Prod'homme, sont dans le non-jeu, un non-jeu basé sur la mécanique des corps qui apporte simultanément, et de manière paradoxale, à la partition originale, qui n'est pas exempte, par ailleurs, de prosaïsme, un degré supplémentaire d'intellectualisation et un effet de redondance.
Même si elle peut dérouter le spectateur non averti, cette première création de la jeune Compagnie Solid Milk, soumet au publicune intéressante proposition exploratoire. |