Dans le film En ville (Valérie Mjéren, 2011), un photographe supposé à succès et que l'on pouvait supposer vaguement dépressif passait de longues heures à hanter les lieux que l'homme n'hante plus, photographiant à l'envi la disgrâce urbaine et industrielle. Friches. Une silhouette humaine.
C'est à ce type d'ambiance que renvoie Ils étaient tombés amoureux instantanément, le premier album du groupe Institut, qui s'offre d'ailleurs pour artwork des clichés d'Elie Jorand tout à fait comparables.
Il règne dans l'album une ambiance vague, détachée, lente, cérébrale, nostalgique, qui rappelle encore ce film-là, autant que la musique d'Arnaud Fleurent-Didier, lui aussi fasciné par le cinéma. Hommage à la Nouvelle Vague ou pose intello ? Il semble en tout cas manquer au disque sa Lola Créton, pour donner un peu de vie à tout cela, fut-elle maladroite, fragile, empressée comme l'inexpérience. On reste en effet trop souvent en dehors des compositions trop propres, trop précises, trop écrites, trop pensées.
Il y a de bons moments néanmoins, comme "Gardien de la paix", "Les pensions de retraite" ou la deuxième partie du titre "Ils étaient tombés amoureux instantanément et avaient trouvé ensemble un modèle économique approprié" ; voire même, pourquoi pas, "Installation imprimante", qui s'amuse en mettre en musique un guide d'installation de matériel informatique. |