Réalisé par Benoit Forgeard. France. Comédie dramatique.
1h24. (Sortie 4 avril 2012). Avec Anne Steffens, Darius, Tanguy Pastureau et Benoît Forgeard.
Parmi les bonnes questions que personne ne se posait, il en est une
que "Réussir sa Vie" permet de résoudre : existe-t-il un cinéma
français pince-sans-rire qui fera mourir de rire ceux qui ne s’amusent
pas du tout quand un faux Eddie Murphy pousse le fauteuil roulant d’unhélas vrai François Cluzet ?
Peut-on envisager qu’un émule d’Alphonse
Allais revu et corrigé par Groucho ait eu l’idée d’utiliser l’arme de la pellicule pour qu’on le considère comme un authentique humoriste ?
À la louche, ou à Lelouch, ce cinéma pince-sans-rire n’a à proprement parler jamais existé. Sauf peut-être sous la forme longiligne et hésitante de Luc Moullet (car il est impératif de Moullet à la louche) et, le 4 avril 2012 - on y vient - sous celle frisée et moustachue de Benoît Forgeard, qui a vraiment une bonne tête d’émule dans son premier film, "Réussir sa Vie", qui, osera sortir ce jour-là sur quelques écrans complaisants.
Notons, comme Amélie, que Forgeard est un jeune homme élégant qui refuse le laisser-Allais. Humoriste plus que cinéaste, il a mis bout à bout trois courts métrages qui se croyaient à l’abri d’une telle infamie en les reliant artificiellement par sa présence bavarde.
Tel un Sacha qui crie, il partage l’écran avec des oiseaux empaillés ne déparant pas d’un cabinet de curiositéoù l’on verra une jeune fille contrainte de courir nue pendant un match de foot, un Alain Souchon plus faux que nature filmer à Belle-Île en Mer, et un informaticien incompétent s’incruster dans la chambre naïve d’une étudiante.
Pas sûr que ce menu complet comme une crêpe nourrisse les spectateurs habitués aux produits Dujardin, mais il enchantera ceux qui aiment le non-sens unique et qui reconnaîtront en Forgeard un petit radin du 7ème art, capable de proposer à sa bruiteuse une promenade au Jardin des Plantes au lieu d’une rétribution bassement financière.
Préférer faire un film avec trois sous de ficelle en grugeant quelques intermittents plutôt que d’attendre des années d’en tourner un avec des millions dérobés aux contribuables dénote d’un esprit héroïque qui risque d’être mal compris. On vous demandera donc de retenir son nom (Benoît Forgeard) à défaut d’aller voir son film ("Réussir sa Vie"*).
* Attention ! Cette dernière phrase est une plaisanterie. Ce ne sera pas un défaut si vous courrez mercredi à perdre Woody Allen pour aller voir "Réussir sa Vie" qui vaut vraiment le coup (et le cou du héron qu’on peut voir aux côtés de ce bon Monsieur Forgeard)... |