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Dominique Bona  (Editions Grasset)  mars 2012

Le sentiment de plénitude heureuse et insouciante qui émane des deux jeunes filles au piano, l'une, jouant, vêtue de blanc, l'autre de rouge, peintes par Auguste Renoir, tableau emblématique du peintre et universellement connu, notamment de manière très prosaïque comme illustration des boites chocolats de Noël, a suscité l'émotion et piqué la curiosité chez la romancière Dominique Bona.

Elle a voulu lever l'anonymat des personnages dont les noms donnaient son titre au tableau, "Yvonne et Christine Lerolle au piano", figurant dans la collection Walter-Guillaume exposée au Musée de l'Orangerie, qui immortalise un moment de grâce de l'an 1897.

Une curiosité pas vraiment fortuite, Dominique Bona étant particulièrement versée sur la biographie de femmes artistes, qui l'a amené à dévider la pelote de leur vie, celles de femmes qui n'étaient pas des modèles professionnels mais deux soeurs issues de la bourgeoisie aisée, cultivée et artiste du 19ème siècle.

Leur naissance, au sein de la famille du peintre Henri Lerolle, et leur destin, avec leur mariage avec deux fils du peintre Henri Rouart, a conduit Dominique Bona à étendre son champ d'investigation d'une oeuvre au monde des arts et lettres, de deux soeurs à deux familles et de deux familles à l'histoire de l'art, de la fin du 19ème siècle à la première guerre mondiale.

Elle livre ainsi avec "Deux soeurs", sous-titré "Yvonne et Christine Rouart - Les muses de l'Impressionnisme", non seulement la biographie romancée des deux soeurs mais également, à travers la saga de deux familles, l'histoire d'une époque disparue qui se lit d'une traite comme un roman à suspense.

"Les soeurs Lerolle ont reçu le bonheur en cadeau dans leur berceau". Elles sont jeunes, jolies, intelligentes et cultivées. Tous les dons donnés en partage. Elles naissent certes avec une cuillère d'argent dans la bouche mais surtout dans une famille aimante.

Une famille idéale de la grande bourgeoisie catholique, libérale, progressiste et tolérante qui vit de ses rentes, cultive les arts, en les pratiquant, leur mère Madeleine Escudier est une musicienne accomplie, leur père, Henry Lerolle, un des peintres officiels de son époque, surnommé "peintre au café au lait" pour ses grisailles, et en les soutenant comme mécène mais surtout comme collectionneur par goût, sans esprit de spéculation, et tient salon dans son hôtel particulier du 7ème arrondissement, un salon ouvert au monde des arts et lettres fréquentés par des amis et invités portant des noms célèbres ou qui allaient le devenir, peintres, musiciens et écrivains, qui allaient marquer leur époque.

Il ne leur manque que l'amour. Sortant peu, elles auraient pu nouer de romantiques idylles avec les jeunes artistes qui fréquentaient la demeure familiale mais elles vont connaître le sort commun des jeunes filles de leur classe, celui de l'alliance bourgeoise.

Et ce, non du fait patent de leurs parents, mais d'un tiers, le peintre Edgar Degas, grand ami de la famille, "impénitent célibataire mais infatigable marieur pour les autres" comme le toise Dominique Bona, qui, "atteint d'une fièvre matrimoniale", va concocter une double alliance avec la famille Rouart dont le père, Henri Rouart, son ami depuis leurs études au Lycée Louis-le-Grand, riche industriel devenu un peintre reconnu membre - et mécène - du groupe des impressionnistes et également un collectionneur passionné et l'un des plus avisés de son temps, l'est également de Henry Lerolle.

L'alliance entre deux familles partageant les mêmes valeurs paraît naturelle et de bon augure. Seulement, dans la famille Rouart "d'un catholicisme farouche et d'un nationalisme exacerbé", qui se présente comme l'opposé de celle des Lerolle, les fils Rouart, orphelins de mère élevés dans une atmosphère austère sous l'égide d'un père à la personnalité écrasante et flamboyante, qui n'ont pas été des enfants heureux sont de "grands fragiles qui ont peur de leurs ombres", "des natures complexes et bouillonnantes" et des caractères ombrageux.

Yvonne, "douce et soumise", est mariée à Eugène, "l'immoraliste", ami de André Gide, "né sous le signe des contradictions et du divorce intérieur", "sollicité par des vocations plurielles mais finissant par n'exceller dans aucune". Christine, "primesautière et pétillante de malice", est d'abord flattée d'épouser Louis qui a la réputation d'un homme à femmes, mais qui est également "l'imprécateur" cultivant la polémique et "chercheur de querelles".

Un an après la réalisation du tableau de Renoir, les deux soeurs sont séparées non seulement par le mariage mais par la distance, l'une à Paris, l'autre en province. Leur dialogue se poursuit par voie épistolaire mais leur correspondance fait défaut : celle de Christine sera détruite par ses enfants, celle d'Yvonne dispersée ou perdue.

Dominique Bona raconte avec beaucoup d'émotion leur destin brisé, ces "reflets du bonheur perdu", et l'inclut dans une véritable saga familiale qui se lit d'une traite, comme un roman, et qui est également enrichi de développements et anecdotes relatifs à tous les artistes qui ont gravité dans le Paris cultivé d'un 19ème siècle qui a disparu dans le sillage de la première guerre mondiale.

 

MM         
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