La couverture du disque nous éblouit. Voici la fille pop, celle dont on rêve. Celle qui fume clope sur clope. Qui dit : c’est bon allez hop, stop ! Pour qui c’est cool ou c’est top, de vivre pop. Blonde et attirante, forcément nue, étrange. Une Alice au pays des merveilles pop, t’entraînant dans les territoires inconnus de la Mélodie.
Emmanuel Tugny, ce magicien, parvient à nous redonner le goût de cette femme jamais fatale, secrète et inaccessible. Une voix enjouée à la Katherine, des violons comme s’il en pleuvait, l’instrumentation dense, l’humour des textes, la gentillesse du propos. Et ça nous plaît qu’un titre soit : "Ni Dieu ni Maître" – ces mots qui sont tout un programme.
Emmanuel Tugny serait le surréaliste de la pop. La simplicité de son album n’est qu’apparente, et d’ailleurs il s’agit aussi d’un autre élément fondamental de la pop, la première écoute nous laissant un sentiment de doute (c’est quoi ce truc ? pourquoi ai-je accepté de chroniquer une telle daube ? me serais-je fait avoir par le docteur C. ?). Et puis cet objet bizarre, on commence à l’apprécier, à en sonder la profondeur − comme avec cette curieuse adaptation d’un poème de Francis Ponge.
Etre pop ça n’est pas voter pop, ne l’oubliez pas (ce serait trop simple) ; c’est mener une vie résolument pop. |