Quelques semaines avant le grand "manège enchanté" électoral, sortait le dernier l’album de Ridan. Après trois albums, tous disques d’or et des centaines de milliers d’exemplaires vendus, adieu major, adieu business, l’artiste tire un trait sur ces relations commerciales et retrouve son indépendance. Bonjour l’indignation, bonjour les barricades, Ridan présente son manifeste !
Teinté de rouge, porté de coups de gueules, l’album déroule son programme en 12 titres, énumération de situations inacceptables pour le chanteur, de dénonciations, de prises de position. Surfant sur l’actualité, nous y retrouvons des grands thèmes de campagne : immigration, intégration, sans-papier, retraites, drague de l’extrême droite par les élites au pouvoir, grève générale, pouvoir du monde de la finance, peur de l’étrange étranger, port du voile, hallal… et oui tout ca en 12 titres ! Un album engagé ? Des "chansons engageantes et citoyennes" répond Ridan, qui souhaite en démordre avec la "consensualité ambiante", et de rajouter : "si la liberté est un droit inaliénable, je m’en fais un devoir". Rien que ça ! Alors évidemment, ça balance ! Pas le temps de mégoter, la révolution est en marche !
Et Ridan jongle ainsi, pendant quasi 35 minutes, avec les mots et les pavés. Mais les pavés sont toujours plus lourds et retombent bien vite, et pas toujours dans la mare… on se marre ? Pas souvent… Y’en a marre ? Parfois… Bien heureusement les arrangements souples, simples et agréables portent, avec enthousiasme parfois, l’album. Quelques textes lus viennent aérer, comme des respirations bien trouvées, l’album, introduisant à leur manière les morceaux suivants. Des exercices imposés, avec l’interpellation citoyenne ("Madame la République"), la chanson anti militariste ("La fleur au fusil") et "L’indigné", viennent rigidifier un peu le tableau, bien équilibrés par ailleurs par quelques trouvailles plus fluides, quelques pas de côté ouvrant d’autres perspectives, tel "Ali Baba" et ses CAC "40 valeurs", "Le petit malandrin".
Discours manichéen qui prend le pas sur l’artistique, posture lassante ou ras-le-bol d’une campagne d’entre deux tour nauséabonde ? Toujours est-il qu’assez vite la poésie et le plaisir des mots plient sous le poids du message à porter… "Ah Les Salauds !".
Evidemment quand on cherche à souffler après une indigestion électorale, cet opus est vite indigeste… Ridan chante en rouge tellement le monde est brun, certes. Mais les choses bougent et il est temps, à nouveau, de voir le monde en rose… au moins pour quelques jours… Il sera toujours temps, passés les lendemains qui chantent, de prévoir "un retour à la grève" et à l’album de Ridan et sa "Comédie Humaine". |