Puisqu’ils
se contentent eux-aussi d’une guitare et d’une batterie,
on compare souvent les Black Keys aux
White Stripes.
Pourtant, s'il y a comparaison, c’est plutôt du côté
du John Spencer Blues Explosion qu’il
faut chercher. En un mot, les Black Keys ont eux aussi décidé
de faire exploser le blues.
C’est le retour du gros son, pas fin, qui fonce bille en
tête, sans aucun complexe, dans tous les clichés du
rock et du blues entassés depuis une trentaine d’années.
Patrick Carney (batterie) et Dan
Auerbach (guitare, chant), tous deux moins de 25 ans, sont
deux innocents ; à la manière d’un Jonathan
Richman (sous amphé…), ils ont la certitude
de ce qu’ils doivent faire et toutes les critiques, conseils
et influences leur passent par-dessus la tête.
Si influence il y a, il faut chercher loin, très loin :
John Lee Hooker ou Robert
Johnson, quand le blues s’inventait, loin des projecteurs.
Le tout enrobé dans le son garage sixties, le délire
de Captain Beefheart et l’énergie
des Sonics.
Le duo guitare-batterie, c’est avant tout la porte ouverte
à l’impro : avec un seul instrument mélodique,
on ne risque pas les fausses notes (et là encore Richman
avait découvert ca il y a une dizaine d’années).
Tout comme Archie Bronson Outfit la
semaine dernière, on sent que les Black Keys sont un groupe
de scène et on a hâte de voir ça.
Rubber Factory, leur troisième
album, sorti chez Fat Possum, le label de blues un peu déjanté,
frappe extrêmement fort. Enregistré sur du matos de
récup dans leur loft d’Akron, il offre en particulier
un son de guitare à l’ancienne particulièrement
réussi, avec des vieilles fuzz comme on n’en avait
plus entendu depuis… Hendrix ?
Cela, plus leur apparition à la Cigale pour le Festival
des Inrocks le 5 novembre devrait les installer définitivement
comme des vedettes underground.
Attention : on n’a pas affaire à des génies,
il est même probable que les deux ou trois prochains albums
nous laisseront froids, mais, en attendant, c’est si bon,
un album pour se faire plaisir...
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