On commencera par ne pas confondre Darius Keeler (fondateur et l'un des deux seuls maîtres à bord d'Archive) et Daven Keller (Pierre Bondu de son vrai nom, auteur, compositeur, interprête, mutli-instrumentiste et compagnon de Dominique A, Philippe Katerine et d'autres).
On ne confondra pas non plus ce Réaction B (dix pièces pour quatuor à cordes, percussions, clavecin et piano) avec son prédécesseur, Réaction A (2008), pièce de pop vénéneuse à la froide amertume synthétique.
On finira par ne pas confondre la musique, instrumentale, de ce nouvel album avec les musiques de films que Keller, sous un nom ou sous un autre, a déjà pu composer (pour La répétition de C. Corsini en 2001, avec F. Dumont ; pour Le voyage aux Pyrénées de A. & J.M. Larrieu en 2008 ; et pour Je suis un no man's land de T. Jousse en 2010).
Ces précisions posées, que reste-t-il ? Une musique, classique dans ces sonorités, aventureuse et évocatrice dans son écriture, œuvre d'un gamin auquel on aurait donné pour nouveau jouet la composition musicale. L'inspiration cinématographique est évidente et Réaction B jouit d'une force évocatrice indéniable. Les yeux fermés, il ne reste plus qu'à s'inventer le film de cette musique – défi que l'on aimerait voir accompli par un cinéaste courageux, qui inverserait la relation consacrant la musique de film en genre sinon mineur du moins secondaire.
Mais c'est une autre aventure que s'offre Daven Keller : l'hybridation de ses compositions avec un art corporel, accomplie en confiant à Stéphane Ragobert, danseur hip-hop, le soin de s'approprier cette musique a priori étrangère à ses activités habituelles. A suivre (en partie) via le site internet de l'artiste.
On salue, dans tous les cas, l'esprit aventureux et touche-à-tout de la démarche. |