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L'Aéronef  (Lille)  jeudi 31 mai 2012

"Si les premiers étaient hypnotisants, le second était envoûtement."

Les dernières notes du concert viennent de s'éteindre. Mon acolyte musicale de la soirée, une belle plume en herbe, a visé juste en me soufflant ces quelques mots. Simples et tellement vrais. Cette même impression résonne en moi. Arlt puis Stranded Horse m'ont projetée loin, très loin de l'Aéronef. Et pourtant je suis bien là, loin du tumulte, comme dans une alcôve. Je commence à reprendre possession de moi-même, revenant d'un voyage lointain.

Je n'ai cessé de le dire. J'ai été hypnotisée par Arlt, que dis-je fondue d'eux, piquée par la curiosité, démente, avant même qu'ils n'entrent en scène. Pourtant Arlt, je ne les connais pas depuis si longtemps, en tout cas pas 1000 ans. Je les ai aperçus, trôner dans la jungle musicale, portés par de fervents auditeurs, critiques impatients. Toi tu -l-'aimes bien, tu -l-'aimes plus, tu -l-'aimes plus, tu -l-'aimes bien. Bref. Diable, mais quel drôle d'oiseau ! ou plutôt de Rhinocéros ! de Baleine !

Comment les nommer d'ailleurs ? Arlt se prononcer comment ? Sing Sing et Eloïse Decazes ne m'en voudront pas trop je l'espère si finalement je les féminise ? Car pour moi, "Arlette", c'est joli, c'est tendrement désuet, c'est poétique et indémodable. Elle est donc ma belle prise du mois d'avril 2012. Son deuxième album, Feu La Figure, a conquis mes oreilles. Comme une chasseuse obstinée, je ne l'ai plus quittée de ma mire. Mais pacifiste dans l'âme, je n'ai rêvé que d'une chose, les mitrailler du regard.

Et me voici devant la scène. Et les voilà, à pas de loups, entrant, timides ? Calmes ? Eloïse Decazes, Sing Sing et Mocke. Ambiance intimiste.

D'emblée, ils entament "Sans mes bras". Une ouverture de concert non des moindres. Cette chanson me paraît être représentative ou du moins donner des signes caractéristiques du style d'Arlt. Quand je les ai écoutés, j'ai pensé à deux artistes qui me font tant échos, de but en blanc. D'autres en auront d'autres sûrement. Très clairement, Brigitte Fontaine en sa période Higelin hante la voix d'Eloïse. Elle est grave et suave, voire lascive. Pour autant, inattendue, elle prend son envol vers les sphères aiguës, puis redescend outre-tombe. De haut en bas, elle s'allonge telle un serpent glissant de mots en mots, ceux de Sing Sing.

Parlons-en. Il doit certainement écrire animés de sonorités. Ces mots swinguent, tiraillent, s'étendent, se pâment, sautillent... Ces mots ne se dandinent pas. Ils ont une grâce, ils dansent somptueusement avec la musique. Ils complètent les silences mais surtout ils touchent par leurs histoires d'amour ? Des tranches de vie mystérieusement animales ? Romantiques et pornographiques ? Sa voix grave est intimement liée à celle d'Éloïse Decazes. Ensemble ils jouent à cache cache. J'en suis haletante quand ils se mettent à chanter "Le Ventre de la Baleine". Ce morceau est mystérieux et assassin. Il me happe, m'emporte par ce final névrosé et fantomatique. Les mots et les voix se fendent : "J'ai cassé ma gueule, marchons sept lieux, laissé tombé ma gueule, les enfants ont ri mais toi, marchons sept lieux", sur ce fond de guitares complètement folles.

Alors ce deuxième artiste ? C'est Bertrand Belin. Il m'a frappée autant que dame Brigitte, peut-être pour cette façon un peu particulière d'écrire. Mais c'est surtout, l'accompagnement musical fragile et cassant. Le jeu de guitare de Sing Sing est sec, claquant comme il donnerait une tape – inoffensive - aux vers de ses textes. Mais en vérité, il donne ce dynamisme, cette batterie absente. Mocke, quant à lui, troisième élément de ce trio vibrant, donne de sa guitare, ses vagues enivrantes. Il apporte une mélodie douce et délicate.

Je me suis demandée : ces envolées sont-elles décalées par rapport aux paroles ou est-ce l'inverse ? Au final, c'est ce goût qui me reste sur la langue. Arlt m'a charmée par sa grâce décalée.

Et pour compléter cette soirée rêveuse et mystique, Stranded Horse a pris place, seul. Drôle de charmeur, charmeur de foules. Son arme n'est pas une flûte mais une ou plutôt des Koras qu'il fabrique lui-même. Envoûtement donc cette fois. Et bien qu'il demande, selon moi, une patience infinie et un apprentissage acharné, cet instrument à 30 cordes, devant être réaccordé à chaque morceau, est l'un des plus doux qu'il soit. Chaud, réconfortant, c'est par Ballaké Sissoko que je l'ai découvert avec ravissement.

Yann Tambour est donc à l'origine de ce projet folk, mélancolique et poétique. Ex-Encre, dont il était également le cerveau, il a choisi de goûter à d'autres paysages, d'autres exploration. Cette fois, il s'entoure de Joseph Roumier au violoncelle et de Carla Pallone, du duo français Mansfield TYA, au violon. Un jour, j'ai eu son album Humbling Tides entre les mains et je l'ai fait tourner en boucle pendant plusieurs semaines sur ma chaîne. La folk douce du troubadour charmeur m'a littéralement conquise.

Sur scène, il est difficile de résister et rester maître de soi. Quand la magie de Stranded Horse se déclenche, que la mélodie de la kora s'envole, que la voix douce de Yann Tambour se pose délicatement, je ne peux que fermer les yeux. Comme beaucoup dans la salle, je me suis assise et me suis laissée emporter dans ses paysages verdoyants et cet atmosphère cotonneux. J'avoue, je n'ai rien retenu, ni des titres joués, ni des paroles, juste l'étrange et agréable folie des notes.

Je me suis réveillée apaisée par cette merveille de soirée. "C'était sûrement un complot ! Tu as raison, j'ai été hypnotisée puis envoûtée !"

 

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La chronique de l'album Luxe de Stranded Horse

En savoir plus :
Le Bandcamp de Arlt
Le Myspace de Arlt
Le site officiel de Stranded Horse
Le Myspace de Stranded Horse

Crédits photos : Arthur Dhainaut


Rachel Debrincat         
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