D'Erland Cooper, on avait adoré le premier album d'Erland & the Carnival, pièce de rock-folk irréprochable ancrée dans un rock psychédélique 60's délicieux (Jackson C. Frank, Electric Prunes...). On avait, il est vrai, un peu moins aimé son successeur (Nightingales, 2011) ; mais l'on n'en était pas moins impatient de pouvoir entendre sa nouvelle création : The Orkney Symphony of the Magnetic North.
Toujours accompagné par le guitariste Simon Tong (qui servit également au sein de The Verve ou Gorillaz), mais aussi par la multi-instrumentiste et chanteuse Hannah Peel, quelques claviers, un chœur très amateur et une section de cordes, le jeune musicien offre une ode à l'archipel des îles Orcades où il grandit, en retraçant l'histoire tragique de Betty Corrigall, "the girl burried on the moor", qui se tua à la fin du dix-huitième siècle après avoir été bannie de son village pour s'être laissée engrosser par un marin de passage. Pourquoi pas.
L'album s'ouvre dans une certaine apesanteur délicate, où s'entendent les grands espaces, mais aussi une certaine atmosphère mystérieuse. Et l'on se prend à rêver de landes ensorcelées, de falaises déchiquetées, d'une brume épaisse. D'une vie rude, nocturne, où perce le seul feu d'un désir de lumière, d'un espoir de chaleur. Arrangements luxuriants, écriture musicale étirée, aérée, où s'engouffre le vent glacial d'un automne perpétuel.
Pourtant le charme se dissipe parfois, l'album s'abimant dans une pop mignonnette où le joli éclipse la beauté véritable. Ce défaut est particulièrement palpable dans les parties chantées, les voix, souvent mêlées, de Cooper et Peel, peinant à s'élever au-dessus du niveau de la bande originale de comédie romantique.
Cooper ne livre donc pas encore l'album parfait que l'on attend de lui. Dommage. Mais cela ne nous empêchera pas d'attendre avec impatience son prochain geste musical, tant l'homme sait rester prometteur jusque dans ces petites déceptions. |