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James McManus  (MA Editions)  juin 2012

Paru en 2003 et fort d'un gros succès outre-Atlantique, "La Cinquième Carte" de James McManus plonge le lecteur dans une immersion en apnée dans l'univers du poker et d'une certaine Amérique dans laquelle la réalité semble largement dépasser la fiction.

Et sa traduction française paraît judicieusement en France à un moment où ce jeu connaît une médiatisation inattendue et suscite un engouement croissant attestés par, entre autres, le développement des émissions de télévision qui y sont consacrées et l'existence de chaînes dédiées ainsi que l'augmentation du nombre d'afficionados entraînant l'explosion des sites de jeu en ligne.

En 2000, missionné par Harper's Magazine, James McManus, journaliste et écrivain mais également joueur de poker, est chargé de couvrir de l'intérieur les World Series of Poker qui se déroulent chaque année depuis 1970 à Las Vegas et, plus précisément, l'épreuve principale du "texas hold'em no-limit", variante suprême du poker inventée par le patriarche du clan Binion, qui se déroule au sein du légendaire "Horseshoe" appartenant à ce dernier et qui fut le dernier casino familial étasunien.

Par ailleurs, ces championnats interviennent alors que la mort violente et controversée d'un des héritiers Binion intervenue en 1998 défraye toujours la chronique par ses démêlés judiciaires à rebondissements.

Dans un style narratif plus proche du reportage que du roman, James McManus aborde de manière kaléidoscopique des registres et des thématiques différents faisant de son opus non seulement un reportage sur le tournoi du millésime dont les parties sont relatées et expertisées dans les moindres détails, mais également un documentaire sur le poker abordé sous tous ses aspects, un récit autobiograhique et une pseudo-enquête sur la mort de Ted Binion, le livre commençant d'ailleurs par un chapitre digne d'un thriller "à la Karin Slaughter" fictionnalisant par l'horrible menu la mort de ce dernier.

Ainsi, livre-t-il une anthologie du poker avec l'histoire du poker depuis ses origines, qui est, tant par son ancienneté que par le nombre de ses pratiquants, le premier des grands sports américains avant même le fameux baseball, un Reader's Digest des ouvrages théoriques qui lui sont consacrés, la description de ses règles et une ode à ce qui est non un jeu de hasard mais un jeu de stratégie, ainsi que l'a confirmé un jugement récent intervenu aux Etats-Unis indiquant qu'il était basé pour plus de moitié sur "un éventail de talents, incluant la facilité avec les nombres, la connaissance de la psychologie humaine, et les pouvoirs d'observation et de tromperie".

Il décrit également comment une session de poker impulsée par la soif de compétition est une reproduction miniature de l'économie mondiale et comment le poker, outre la décharge d'adrénaline qu'il procure a également un effet sur la production de testostérone qui amène une transe sexuelle pouvant aller jusqu'au cyclone orgamisque, ce qui expliquerait l'addiction quasiment exclusivement masculine.

La narration par le menu de ses neuf jours de tournoi est émaillée de portraits des joueurs participants que de ceux devenus des figures légendaires mais aussi de nombreux épisodes autobiographiques mettant en scène, comme il se décrit lui-même, un schizophrène janusien dans lequel cohabitent tant bien que mal, à la manière d'un clone du Docteur Jekyll et de Mister Hide, un Good Jim et un Bad Jim, un bon mari et bon père de famille depuis son deuxième mariage doublé d'un accro à la trinité générationnelle "poker, sex et drug" de ceux nés dans les années 50 ("Nanas, alcool, drogue, bagnoles et poker, voilà, du moins aux yeux de ma génération les ingrédients indispensables au passage à l'âge adulte") dont il tente de juguler les frasques.

Ce qui le rapproche de Ted Binion ("Nous étions tous deux des hommes quarantenaires avec un penchant pour le jeu, l'alcool, la drogue récréative et les femmes nubiles") à la différence cependant que ce dernier était héroïnomane notoire et avait hérité d'une fortune à huit chiffres et amène l'auteur à s'intéresser à sa fin tragique.

Et il raconte à la manière d'un documentaire people à la "Hollywood Stories", l'histoire incroyable d'une famille, une histoire comme seule l'Amérique semble susceptible de pouvoir en fournir et qui a inspiré écrivains et cinéastes, qui, frayant avec la mafia et la délinquance, a amassé une fortune colossale - celle du fils assassiné étant estimée à plusieurs millions de dollars dont six tonnes d'argent enterrée dans un bunker en béton - et constitué un état dans l'empire du jeu et la capitale du vice qu'est Las Vegas dont il retrace également l'histoire.

Passionnant pour les lecteurs joueurs invétérés et les amateurs de pokers, ce pavé de 450 pages écrit quasiment à chaud qui fait, bien évidemment, la part belle au poker, s'avèrera instructif et divertissant pour le néophyte qui, à défaut d'intégrer les règles du jeu apparaissant ésotériques à la lecture et le laissant sinon à côté de la plaque du moins des jetons, sera sans doute amener à sauter les nombreuses pages consacrées aux développements techniques pour se focaliser sur le mythe américain qu'il véhicule.

 

MM         
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