Comédie de Pascal Laurent, mise en scène Éric Metayer, avec Philippe Lelièvre, Viviane Marcenaro, Kevin Métayer, Thierry Liagre et Manon Gilbert.

En collaboration avec Gérard Sibleyras, Eric Métayer avait proposé avec "Les 39 marches", molièrisé en 2010, une époustouflante transposition théâtrale du film éponyme de Alfred Hitchcock entraînant le spectateur dans une effarante courte poursuite avec les codes du cinéma des années 30 et le savoir-faire du maître du suspense.

En 2012, il réinvestit le plateau du Théâtre La Bruyère avec une incursion dans le registre des parodies de films noirs réalisés dans les années 60 notamment ceux réalisés par Georges Lautner, films de série B devenus "culte" par la grâce des répliques ciselées du dialoguiste Michel Audiard et dites par une brochette d'acteurs hors pair qui jaspinaient comme les parigots de Ménilmuche

Intitulée "Julie des Batignolles", cette comédie "policière et argotique" signée Pascal Laurent s'en inspire donc largement en mettant en scène leurs personnages stéréotypés sous forme d'une parodie "canada dry" qui plaira à ceux qui ont envie de langue verte.

L'intrigue, recyclage d'un scénario de téléfilm, se résume à un huis clos entre les ravisseurs d'une jeune fille à papa attendent la rançon mais l'affaire montée par Paulo la gâchette, un demi-sel qui a la scoumoune et se prend pour le cerveau du siècle, va tourner au vinaigre d'autant qu'il a eu la bonne idée de choisir pour planque une hutte pour la chasse aux canards cernée pour les marais.

Sous les asticotages de Greta, dont le flair d'ancienne tenancière de lupanar ne l'a pas averti du coup foireux, et secondé par Riton, son protégé un blanc-bec qui n'a pas grand chose dans le citron, ne passe jamais son tour pour faire une connerie, Paulo est fébrile.

Et il a raison car la gamine kidnappée n'est pas de tout repos et, de surcroît, survient la couille dans le potage quand déboule un chasseur à l'affut doublé d'un vrai pandore.

Pour rester dans le domaine cynégétique, le scénario ne casse pas trois pattes à un canard - mais c'est la règle du genre - et Eric Métayer a fait appel à un trio d'acteurs aguerris qui ne sont pas des lapins de six semaines mais de solides briscards de la scène qui connaissent leurs classiques du 7ème art.

Philippe Lelièvre a la carrure pour camper le looser de service, Thierry Liagre se délecte à jouer la maréchaussée pas franche du collier et Viviane Marcenaro livre une réussie composition de la gouaille d'Arletty et de la morosité pince-sans-rire Françoise Rosay.

Pour la jeune génération, Kevin Métayer assure bien le rôle du beau gosse de service bas du front et, rappelant Marlène Jobert dans le rôle de Rita dans le mythique film "Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages", Manon Gilbert est pétillante en oie blanche à qui il est difficile de rabattre le caquet.