Spectacle musical conçu et mis en scène par Benoît Guibert, d’après un roman de Roberto Garcia Saez, avec Kader Boukhanef, Olivier Dote Doevi, Jérôme Dupleix, Verena Gros, Hugo Horsin (ou Bastian Verdina) et Julie Lavergne (ou Mélissa Broutin).
Sous-titrée "comédie ONUsienne", "Transparence" a au moins un mérite : un sujet qu’on n’a jamais vu sur les planches et qui en paraît a priori fort éloigné, le fonctionnement des organisations internationales chargées de mettre en place un programme d’aide.
En l’occurrence, ici, on est dans le cadre du "PNUD" ("Programme des Nations Unies pour le Développement") et l’on s’intéresse à la mise en place d’un programme de vaccination au Congo.
Romero, un ambitieux haut fonctionnaire de l’ONU, habitué des opérations humanitaires de haute voltige, en obtient la charge. Et il faut prendre "charge" au sens de fardeau, celui de l’homme blanc au pays de l’homme noir.
Obsédé par la réussite de sa mission, Romero a le tort de vouloir simplifier les procédés complexes du "machin", comme De Gaulle définissait l’ONU, et cela au risque d’employer des méthodes peu compatibles avec la comptabilité tatillonne de l’organisation et de se voir ainsi soupçonner de corruption.
Dans son "spectacle musical", tiré du roman "ONU soit qui mal y pense" de Robert Garcia Saez - très proche du personnage de Romero - Benoît Guibert oppose "transparence" et "efficacité".
Le spectateur devra juger : le but, soigner les Africains encore soumis au fléau de la tuberculose, n’est-il pas plus important que la rigueur budgétaire ? Ne vaut-il pas mieux un peu de corruption et des résultats tangibles que le respect scrupuleux de règles qui conduisent à l’enterrement de première classe des projets ?
Mais si le sujet semble austère, le spectacle proposé n’est pas du tout rébarbatif. Sur une scène où figure le zinc d’un bar, toute la troupe s’acquitte à merveille d’un exercice délicat : dire des choses et garder sa bonne humeur.
On appréciera particulièrement la partition d’Hugo Horsin qui retrouve un esprit musical "à la française", quelque part entre l’opérette moderne, genre "Irma la Douce" et les créations de Michel Legrand pour Jacques Demy au cinéma.
Claquettes, bons mots et belles réparties, morceaux de bravoure se succèdent sans faiblir ni lasser. On en arriverait presque à oublier la gravité du sujet traité, ce qui indéniablement prouve la qualité du travail d’adaptation et de mise en scène de Benoît Guibert.
En résumé : un divertissement intelligent. |