Monologue dramatique d'après le texte éponyme de Valère Novarina, dit par Marc-Henri Lamande, sous la direction de Ludovic Longelin et accompagné par Marc Roques et Louise Chirinian.
Après l'écriture d'Artaud et son époustouflante incarnation dans "Dieu qu'ils étaient lourds... !", Marc-Henri Lamande, s'immerge dans le verbe novarinien en proposant une traversée en diagonale de "La chair de l'homme".
Une nouvelle aventure presque logique puisque au rythme pulsionnel du premier, avec une langue ultime véhicule pour accoucher d'un corps délivré de toute aliénation, répond celui frénétique de Valère Novarina pour qui il est l'âme du langage, la parole créant une ouverture intérieure du corps.
De cette pièce fleuve de plusieurs milliers de voix écrite par une plume porteuse de leur parole, parole considérée comme pensée, matière et chair spirituelle, Marc-Henri Lamande, comédien et musicien, a conçu ce qu'il nomme un concerto pour voix humaine et deux musiciens.
Sous la direction de Ludovic Longelin, accompagné par Marc Roques au clavier et Louise Chirinian au violoncelle acoustique, le corps de Marc-Henri Lamande, sorte de teletubby de noir vêtu, jcombinaison-collant et cagoule, au visage blanchi devenu masque, ce "masque [qui] enlève le visage" dont parle Novarina, mains gantées à la Mickey, est l'instrument à vent qui déploie le verbe, un verbe qui raconte le monde par le "nommer, invoquer, recenser" des noms, des lieux, des mots, des expressions dont Novarina procède à l'incessant collectage.
Dans ce théâtre de paroles, déferlement de dialogues et monologues, de voix et de personnages qui n'en finissent pas de manger des mots, la chair de l'homme, mais aussi celle du Christ dans une métaphore avec l'hostie, de déclamations et d'histoires, toute tentative de déchiffrage rationnel et de quête de sens immédiat entraînerait une implosion en plein vol.
La partition concoctée par Marc-Henri Lamande, qu'il a voulu également comme "un hymne à l'enfance" et qu'il dispense de manière éblouissante, doit s'écouter comme un chant. Une véritable performance qui fera date. |