Récital de chansons de Olivier Py sur des
musiques de Stéphane Leach et Jean-Yves Rivaud, interprétées par Olivier Py.
Un mal pour un bien ? Olivier Py n’est plus le directeur du Théâtre National de l’Odéon mais ressuscite Miss Knife qui revient sur scène pour interpréter ses ballades mélancoliques et désenchantées.
Le début des années 90 a vu naître, dans des registres très différents, de nombreuses créatures singulières, alter ego ou factotum de jeunes comédiens versés dans le travestissement et le tour de chant vintage. Entre Madame Raymonde, la fleur de bitume amortie de Denis d'Archangelo et la glamoureuse Charlène Duval de Jean-Philippe Maran, il y a eu Miss Knife.
Miss Knife est une drama queen aussi flamboyante que tragique qui emprunte au vestiaire d'une féminité exacerbée de stars iconifiées et au registre des chansons réalistes de la grande tradition française pour délivrer un tour de chant version cabaret qui noue le coeur et taraude l'âme.
Miss Knife a vingt-cinq ans mais elle a aussi mille ans, elle a le regard lourd et charbonneux, de faux cils démesurés, le visage tel le masque blanc du clown, emperruquée platine mais les aisselles non épilées et sans faux seins, elle porte des collants rouge et des stiletto noirs, une robe en lamé argent façon boule tango ou en dentelles largement fendues sur un entrejambe qui laisse deviner un sexe masculin, elle est mi-femme mi-homme, elle est toutes les femmes et toutes les hommes qui se sont perdus dans la course à l'abîme.
Elle est un Ange bleu dont il ne reste que le chapeau clac, un transformiste déguisé en Marilyn puérile qui porte un diadème de mini miss, une diva iconoclaste qui invite à une plongée en apnée dans l'illusion comique qu'est la vie d'artiste et le dérisoire pathétique de la condition humaine.
"Miss Knife chante Olivier Py", elle chante la complainte de la jeunesse enfuie, des destins trahis, des désirs inassouvis et des jouissances interlopes, des amours perdus, et des espoirs déçus, des rêves piétinés, des coeurs en berne et des amours sans promesses avec des textes aussi sublimes que poignants écrits par Olivier Py dont les titres sont sans équivoque ("Chanson des perdants", "Châtiment de la nuit", "Ne parlez pas d’amour", "Le paradis perdu", "Le tango du suicide").
Accompagné par une formation jazz composée de Julien Jolly (batterie), Olivier Bernard (saxophone, flûte et clarinette), Sébastien Maire (contrebasse) et au piano, Stéphane Leach qui co-signe les musiques avec Jean-Yves Rivaud, une musique qui, du bastringue au tango, évoque celle de la période berlinoise de Kurt Weil, et sur fond de scène constellé d'ampoules qui se colorent au gré de rideaux de gélatine colorée de Bertrand Killy, Olivier Py, qui a de beaux moyens vocaux, se livre à corps et à coeur. |