Comédie écrite et mise en scène par Mily Neau, avec Marika Camilleri, Alexandre Coquoin, Matthieu Druguet, Chloé Mancel, Catherine Marion, Susana Poveda et Benjamin Tranié.
Diplômée de Sciences de l’Information et de la Communication, chroniqueuse et journaliste doublée d'une comédienne et metteuse en scène, Mily Neau a su mettre à profit ses acquis tant en matière de connaissance des médias et de faits de société que de vélocité scripturale pour concocter une amusante et pertinente comédie satirique sur les moeurs des générations de l'ère numérique.
Dans les années 90, dans "Denise au téléphone", le réalisateur américain Hal Salwen dénonçait de manière tragi-comique l'effet pervers de déréalisation induit par le téléphone mobile. Vingt ans après, avec l'explosion du numérique, Internet, les jeux vidéo et les réseaux sociaux, et les pathologies de la société de l'image, du culte de l'apparence à la télé-réalité, Mily Neau peut puiser dans un abondant corpus de vacuités et de dérives contemporaines.
Composé de micro scènes souvent percutantes et toujours impertinentes, "Born to be in live", titre inspiré d'un détournement de celui du tube planétaire du one-hit-wonder des années 70 Patrick Hernandez, elle épingle dans des séquences à l'humour jubilatoire, parfois noir, le pathétique affleurant sous le ridicule, tant la cyberdépendance dans tous ses états et les dangers de la communauté virtuelle que les délires de la communication permanente, la nomophobie, le speed dating que l'identification psychotique à des héros de fiction télévisées.
Bien évidemment, la thématique n'est pas novatrice mais Mily Neau a le sens de la satire comique, de la dramaturgie avec une imbrication de petites séquences apparemment indépendantes qui, en définitive, participent de la même histoire et du rythme avec des répliques ping-pong qui en font la saveur.
Le rythme, justement, est l'élément primordial de ce registre et elle sait également l'impulser sur scène avec un enchaînement rapide des scènes, rendu possible par la juxtaposition de deux espaces scéniques utilisés en alternance, l'un pour le jeu l'autre pour la mise en place de la vignette suivante, et une troupe de jeunes comédiens au taquet.
Sur scène, même si l'interprétation est encore un peu inégale, ce qui n'est pas forcément gênant dans la mesure où tous les personnages sont des névrosés, Marika Camilleri, Chloé Mancel, Catherine Marion, Susana Poveda, Alexandre Coquoin, Matthieu Druguet et Benjamin Tranié mouillent la chemise en interprétant plusieurs rôles tout en ayant chacun son petit quart d'heure warholien.
Et impossible de ne pas rire, même jaune, des déboires de l'homme victime de l'hyper-modernité qui est toujours l'autre. |