Grosse madeleine de Proust ce soir à l'Ubu : David Gedge revient avec son Wedding Present afin de jouer Seamonsters.
Sorti en 1991 et produit par le très convoité Steve Albini, ce disque sombre, dense et moins mélodique que ce que le groupe avait enregistré jusque alors reste pour les fans du groupe LE disque de référence.
Ce soir, les tempes sont grises, les crânes clairsemés et un rapide coup d'oeil confirme que l'on peut compter les moins de vingt-cinq ans sur les doigts d'une main. On croise de vieux potes de fac que l'on a pas vus depuis une bonne quinzaine d'années, on se croirait à un apéro de Copains D'avant version indie.
Avant le concert, David Gedge traîne du côté du stand des t-shirts et discute, affable et disponible. Il signe quelques disques à des trentenaires ou quadras nostalgiques, ceux-ci évoquent des souvenirs, les flashes des smartphones crépitent.
Chouchou du mythique John Peel, responsable de tonitruantes Black Sessions chez Lenoir, Gedge a passé sa carrière à s'abreuver de sa vie sentimentale pour alimenter ses chansons noisy pop.
L'on peut donc aisément qu'au moment d'enregistrer Seamonsters, ça devait être un sacré beau chantier... Mais en fait, tant mieux pour nos oreilles.
Ce soir, les locaux de Formica ouvrent les hostilités. Visiblement honorés de faire la première partie de leurs idoles, les Rennais enquillent leurs titres pop survitaminés avec efficacité.
Avec quelques années en moins, on se croirait à une soirée étudiante circa 95.
Lorsque David Gedge débarque sur scène avec ses "weddoes", l'Ubu est plein à craquer. Il explique en français que le groupe va commencer avec quelques titres de leur longue carrière et qu'ils joueront ensuite Seamonsters.
Après un court mais pertinent medley, dont les fabuleux "Sportscar" et "Don't touch that dial",
les premières notes de Dalliance résonnent avant qu'un tourbillon de guitares noisy ne s'abatte sur le public.
Malgré ses cinquante balais passés, Gedge habite encore ses chansons comme s'il en avait vint-cinq. Les titres s'enchaînent "Suck", "Lovenest", et l'incroyable "Octopussy", c'est beau, sombre, tendu... Quelques nostalgiques réclament "Blue Eyes", Gedge fait remarquer qu'il a les yeux verts, pas bleus... Il décline gentiment la requête en faisant savoir qu'on les reverra très bientôt car "Le Wedding" reviendra jouer Hit Parade d'ici un an ou deux... Rendez-vous prix dans un an... |