Comédie dramatique d'après l'oeuvre éponyme de Jean d'Ormesson, mise en scène de Jean-Laurent Silvi, avec Maxime d'Aboville et Alain Pochet. En 1803, dans son cabinet de Premier Consul, Bonaparte reçoit Cambacérès, son deuxième consul, pour un entretien qui va changer le cours de la République.
Au cours de la conversation qu'auront les deux hommes, on va rapidement apprendre la volonté de Bonaparte de remplacer la République par l'Empire et de devenir du même coup à trente-quatre ans, l'empereur Napoléon Bonaparte.
Jean d'Ormesson a écrit un face-à-face passionnant entre deux hommes de pouvoir que le caractère différencie. Ambitieux tous les deux, le Premier Consul apparaît comme fin stratège et impatient alors que son confident, foncièrement républicain, est plus pondéré.
L'académicien Jean d'Ormesson offre avec "La Conversation" une joute oratoire de premier ordre dirigée au cordeau par Jean-Laurent Silvi qui réunit sur le plateau deux comédiens magnifiques.
Maxime d'Aboville, la révélation du "Journal d'un curé de campagne" en 2010 montre une nouvelle fois l'étendue de son talent. Il est exceptionnel en Bonaparte, guerrier insatiable qui prend César en modèle, ivre de pouvoir et de conquêtes, à l'ambition démesurée.
Avec une nervosité rentrée et un humour qu'il distille tout au long de la discussion, il est magistral. Son jeu tout en nuances, la précision de sa diction et l'énergie qui l'anime impressionnent hautement. C'est de toute évidence un des plus prometteurs jeunes comédiens français actuellement.
Dans un personnage plus dans l'écoute et la sobriété, Alain Pochet est excellent également. Il compose tout en finesse un second consul dont l'intelligence et la loyauté sont les qualités premières.
Même sans être spécialiste de cette époque ou féru d'histoire, on est immédiatement accroché par ce tête-à-tête qui nous tient en haleine une heure durant. Un régal. |