Il est des situations où on ne sait quoi nous monopolise les sens au gré d'une mélancolie incontrôlable, transposé dans la peau du personnage côtoyant Swann qui, sous la plume de Proust, se retrouve plongé involontairement dans un doux passé suite à une bouché de madeleine si fondante.
Cette sensation, retour à une saveur ancrée dans notre mémoire, apparait à l'écoute de Moslyve, groupe récent, puisque fondé en 2009, mais rappelant un savoureux souvenir du rock nineties sous des airs de Sonic Youth, PJ Harvey ou encore les débuts prometteurs de Six By Seven.
Sous le label Mind Riot Music et produit par Nicolas Leroux (Overhead), Moslyve dévoile son deuxième album Slave To Modern Age où leur musique se compose de chants entrecroisés féminins et masculins, de guitares brutes et authentiques et d'une partie rythmique dessinant les renforts de mélodies frissonnantes. Rien n'est davantage ajouté, allant à l'essentiel de leur inspiration, Moslyve déploie des nappes vaporeuses, délicates mais efficaces dont les morceaux "Mind Riot" et "Over" en sont de somptueuses démonstrations.
L'association du chant en apesanteur, voire langoureux, avec la partie instrumentale rythmée au son noisy caractérise bien les morceaux de Slave To Modern Age. Cette sonorité attribue à la structure des titres une répétition pouvant se faire un peu trop prononcée, les accords et les phrasés suivent un schéma récurrent. Néanmoins, on se laisse volontiers envelopper par les mélodies entêtantes et hypnotisantes sous cette atmosphère presque planante. |