Comédie dramatique de Philippe Nicaud, mise en scène de Marie Régnier Le Stanc, avec Jacques Demarre, Olivier Bruaux et Philippe Nicaud.
La prison, dernier lieu de l’expiation. Ses bruits, ses odeurs, ses règles et sa violence. Sur ce thème glissant, Philippe Nicaud a écrit une pièce intelligente, subtile, humaine, où il ne dénonce rien mais montre, exhibe, convaincant.
Parmi "Les taulards", Michel est l’intellectuel, "le cerveau qui grince", le justicier homicide d’un homme qui brutalisait sa femme, le dandy barbu qui a fréquenté l’asile de fous et attend la suite en griffonnant des mots fléchés.
Auprès de lui, Thomas, le vieil adolescent attardé, qui relit ses bafouilles d’amour, ratiocine, gémit sur une femme morte à cause de lui, une toquée bobo, végétarienne et expérimentale, mais "je l’aimais quoi !" (trémolos complaisants).
Enfin, une petite fripouille de banlieue, Youri, casquette à l’envers et entendement ayant suivi le même mouvement, bête, salace, faible, mais encore ensoleillé, gêne les deux autres par son innocence narquoise et sa nudité de crustacé sans carapace.
Le metteur en scène, Marie Régnier, nous fait d’emblée pénétrer dans cet univers fermé où les mots deviennent la balle que se lancent ces joueurs forcés.
Trois comédiens excellents, aussi différents l’un de l’autre qu’il est possible, l’auteur, Philippe Nicaud, truculent, capitaine de ce vaisseau-épave, nerveux et calme, le vieux Thomas, formidable Jacques Démarre, concentré de Charles Vanel et de Bernard Blier, sculpteur de dialogue drôles et ravageurs, et Olivier Bruaux, émouvant en canaille sentimentale, très juste, jouant une marche rêvée ou vécue dans les rues de la liberté avec une densité renversante, arrachent l’adhésion d’un public subjugué.
A découvrir très vite ! |