Tragédie d'après l'oeuvre éponyme d'Euripide, mise en scène de Jean-Luc Mingot, avec Aïcha Finance, Jean-Luc Mingot et Lisbeth Wagner.
Avec "Médée", Jean-Luc Mingot complète sa galerie de figures de femmes tragiques dont le destin est scellé par le fait d'un homme, fait qui est également à l'origine de la révélation de la puissance de leur âme.
Après avoir puisé dans la littérature ("Savannah Bay"), le conte ("Les petites allumettes"), le théâtre classique ("Le viol de Lucrèce") et la poésie ("Tombée des nues"), il explore le mythe tel qu'il est transmis par le théâtre antique, en l'espèce, la tragédie écrite par Euripide dont il propose une adaptation moderne centrée sur le personnage titre.
Médée, la palestienne, fille de roi, petite fille du Soleil et nièce de la magicienne Circé, a tout abandonné, sa famille, sa patrie, son rang, pour sauver et suivre en exil le juif Jason, héros de la Toison d'or, qui, par ambition, la sacrifie à son projet de mariage royal.
Trompée, bafouée, répudiée, bannie et séparée de ses enfants, Médée la furieuse s'affranchit des lois humaines pour opérer une terrible vengeance pour détruire Jason, qui va jusqu'à l'ultime, l'immolation de leurs enfants.
Comme toujours, privilégiant le théâtre d'incarnation, la mise en scène rigoureuse, presque ascétique, de Jean-Luc Mingot est épurée, expurgée tant de tout effet mélodramatique que d'emphase et la scénographie dépouillée à l'extrême pour aller à l'essentiel.
Il est également sur scène un Jason se défaussant cyniquement de toute responsabilité dans le malheur qu'il cause, et avec Lisbeth Wagner, parfaite dans le rôle de la nourrice merveilleuse d'humanité, il donne la réplique à Aïcha Finance.
Tout repose sur elle, petit bout de femme gracile dont les immenses yeux bleus dévorent le visage.
Elle, qui a été si lumineuse dans la biographie poétique de Emily Dickinson, porte ici à l'incandescence absolue le personnage lunaire de Médée, consumée de l'intérieur tel un phenix, avec une grande économie de moyens, sans pathos démonstratif. |