Venise, la Sérénissime, la République maritime,
le Cinquecento, et puis Venise, la ville de Casanova, de Giorgio
Baffo et de Hugo Pratt, et puis les gondoles, les pigeons de la
place Saint Marc, le Rialto, les photos cartes postales.
Sylvie Allouche préfère la Venise, mystérieuse
et toujours insaisissable pour celui qui emprunte les ruelles de
traverse, préférant les portes magiques de Corto Maltese
aux itinéraires touristiques.
Photographe, elle a su capter et rendre palpable la dualité
de cette ville d’ombre et de lumière.
L'exposition retrace "Deux regards pour
saisir ces moments. L'un entre dans l'intimité de la nuit,
se fond en elle, devient la nuit qui cherche la lumière.
L'autre capte les couleurs éclatantes, se fond dans l'eau
des canaux pour que naisse en images l'âme vive de Venise"
Ville d'eau, sur l'eau, sous l'eau parfois, Venise se reflète
dans aussi dans l’eau, dans les flaques que laissent les vaporetto,
la pluie ou la mer et l’image se trouble, se déforme,
s’évanouit pour ne laisser parfois qu’une épure
d’ocre, de bleu et de noir. Sylvie Allouche a saisi cette
éphémérité d'une ville mythique, intemporelle,
éternelle ou peut être déjà engloutie.
Les
façades mouvantes ondulent un peu plus que dans la réalité,
les volets clos sur une splendeur passée ou jalousement abritée
du regard des curieux.
Le regard doit s'aiguiser pour tenter de l'approcher ou simplement
l'imaginer.
Et les matériaux, bois, pierre, pavés luisants forment
des kaléidoscopes propices à tromper le promeneur.
Venise sait se faire belle et envoûtante pour qui prend le
temps de ralentir son pas et poser le regard.
Des photos argentiques, sans montage, sans retouches pour capter
la beauté magique de l'instant.
Et puis, Venise, la nuit, pendant une nuit sans lune (cf.
l’entretien avec Sylvie Allouche), quand les hordes de
touristes ont regagné leurs pénates et que seul le
souvenir des fêtes passées retentit dans l’antre
des palais séculaires.
Sylvie
Allouche nous propose des photos en noir et blanc exceptionnelles
qui sont autant de fenêtres entrouvertes pour surprendre une
ville fantasmatique et fantasmagorique.
Avec pour seul guide, une lumière telle une luciole qui
attire imperceptiblement mais inéluctablement, qui entraîne
vers l'obscurité insondable pour une quête magique.
Franchir
un porche pour se diriger vers les pixels lumineux et plonger dans
le rêve, l’imaginaire celui de Venise mais aussi celui
du visiteur.
Qu'y a-t-il derrière cette nuit profonde? Quels fantômes
sautent des gondoles silencieuses pour se faufiler dans les ténèbres
vers ces ruelles labyrinthiques et se cacher au détour du
ponto del diavolo ?
Une exposition pour entrer dans la légende de Venise...
Crédits photos : Sylvie Allouche
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