Texte de Blaise Cendrars dit par Yann Argenton et Mathias Robinet dans une mise en scène de Vincent Brunol.
C'est au début du XXe siècle que Blaise Cendrars écrivit "La Prose du Transsibérien et de la Petite Jehanne de France". En 1905, il travaille à Moscou comme apprenti dans l'atelier d'un bijoutier suisse. A-t-il ou non voyagé dans ce train?
Cendrars, poète, aventurier et affabulateur, travaille le langage à l'inverse des métaux précieux. Sa parole est libre, s'envole, s'enfuit, ses mots sont âpres, violents, immédiats.
En interprétant ce long poème Mathias Robinet-Sapin s'attaque à un texte édifiant. Sous la rigueur formelle, les mots fusent, brûlent, se consument. Lui-même se jette dans les mots avec furie, comme on va au combat. Il articule en détachant bien les syllabes, les mots sortent de sa bouche comme s'ils lui brûlaient la langue.
Par sa mise en scène, Vincent Brunol envoie valdinguer Mathias Robinet-Sapin d'avant en arrière de la scène. Sur le plateau, deux bancs à roulettes où le comédien se pose,d errière lesquels il se cache et qu'il déplace, comme si les mots de Cendrars déplaçaient les montagnes.
Sur un siège, Yann Argenton gratte sa guitare, des mélopées qui évoquent les voyages lointains. La musique ne permet pas de connaître la direction des différents trains empruntés par Cendrars ou la destination de ses voyages, mais elle rappelle à la mémoire des lieux traversés ou des souvenirs de jadis.
Magnifique texte, puissant et vigoureux, dit avec la pointe d'emphase qui convient à la démesure de l'auteur, "La Prose du Transsibérien et de la Petite Jehanne de France" donne l'envie de découvrir ou redécouvrir l'oeuvre de cet écrivain voyageur.
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