Comédie écrite et mise en scène par Jean-Michel Ribes, avec Caroline Arrouas, Annie Gregorio, Philippe Magnan, Christian Pereira et Marcel Philippot.
La plume de Jean-Michel Ribes n'est jamais aussi affutée et percutante et son humour ravageur que quand il se collette au format court des sketches à l'anglo-saxonne.
Aussi la reprise "Théâtre sans animaux", comédie de moeurs en huit tableaux, qui a cartonné en 2001, avec un grand succès public et la reconnaissance de la profession moliérisé, s'avère-t-elle judicieuse.
Le secret de Jean-Michel Ribes est de partir d'une situation banale voire prosaïque, tel un bavardage de salon de coiffure, pour dériver imperceptiblement mais sûrement, par des dialogues ping-pong à la mécanique parfaitement huilée, vers le non-sens ionescien, comme l'irruption d'un stylo-bille géant dans un pavillon creusois ("Dimanche"') ou l'absurde poétique à la Dubillard ("Souvenir") tout en épinglant le ridicule, la bêtise, la suffisance et le nombrilisme des humains qui les distinguent irrémédiablement des animaux.
Dans un décor de façades stylisées à la Tardi conçu par Audrey Vuong, les cinq protagonistes s'en donnent à coeur joie avec les irrésistibles partitions aussi facétieuses en la forme que métaphysiques au fond.
De la distribution initiale et jouant donc en terrain connu, il reste la pétulante Annie Grégorio, le désopilant et inquiétant pince sans rire Chistian Pereira, tous deux époustouflants notamment dans la scène de ménage de "Tragédie" où quand la tragédie à la scène provoque une tragédie à la ville, et Philippe Magnan, impérial dans les rôles d'imbéciles tel le golfeur persuadé de constituer un danger pour la présidence étasunienne ("USA"), qui jouent en terrain connu.
Avec Marcel Philippot, passé maître dans l'emploi de benêt aux rêves trop grands pour lui, il ouvre superbement les festivités avec "Egalité-Fraternité", belle démonstration de l'hérédité, dans lequel le plus imbécile, entre le ridicule et obséquieux frère aîné imbu de sa supériorité pseudo-intellectuelle et son cadet dont le surnom Concon suffit à la caractériser, n'est pas celui qu'on croit.
Quant à Caroline Arrouas, elle campe avec autant de drôlerie la fille alzheimérisée par son père dans le cultissime "Monique" que la vendeuse d'électroménager revancharde qui refuse que son mari l'accompagne avec sa perruque-Nicorette ("Bronches"').
Et c'est dans un ballet aquatique du plus bel effet célébrant le bonheur retrouvé que tous sont réunis dans la visite au "Musée" où la carpe d'une natur emorte flamande est propice aux délires sur le cerveau reptilien et le poisson ancêtre de l'homme.
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