Tortueux et improbable, l'agencement du bar Le POP IN vaut le détour : sa division en plusieurs salons forme un idéal cocoon pour siroter un verre entre amis et s'échauffer les oreilles dans l’attente des réjouissances musicales. A nos risques et périls – on se serait cru au détroit de Gibraltar – c’est avec bravoure qu'on a gravi puis descendu successivement deux escaliers avant de mettre le cap vers la salle de concert.
En premier, ce sont les rennais de Chambre 2 qui ont pris d’assaut la scène à coup d’une dreamy synthpop mélancolique. Un univers cinématographique s’est installé progressivement, intégrant d’abord la toile de fond, puis absorbant la chanson elle-même aux moyens de samples distordus.
La belle voix caverneuse du chanteur sachant chasser l’audible parole française a su amplifier cette musique électro aux accents graves mais enveloppants. Tous les gamers et fanas de la console auront reconnu en l’interprète un messie venu prêcher une nouvelle technique en la matière : un décor interchangeable programmé par la divine Manette de PlayStation. Malgré un son assez jeune selon moi – et Dieu sait que je suis jeune aussi – l’originalité de la prestation nous convainc, on espère un prochain show à point. Vous pouvez également retrouver quatre morceaux enregistrés entre 2011 et 2012 sur leur Bandcamp et parmi lesquels figure le tube prometteur "Forêt de Noyers".
Puis, est venu le prince de l’Atlantique de concert avec ses compos architecturées et exaltantes ; Tropical Horses avait déjà fait chavirer mon ouïe sur l’Internet, toutefois j’attendais avec impatience de pouvoir expérimenter sa musique en live. Aussi, on a pu voir un public moins frigide se dérider : des jolies filles, des mecs bourrés. Mais revenons à nos chevaux, ceux qui nous promettaient une ballade moins dansante qu’est l’écoute sur le Bandcamp, cependant tout autant enthousiasmante que remarquable. Seul, le musicien excelle dans l’utilisation de la pédale de loop : riffs de basse et de guitare, mélodie au clavier-midi, bruitages préenregistrés puis percussions sur pads, telle est la formule mathématique dont se sert Max-Antoine Le Corre afin de submerger nos esgourdes.
Le son lo-fi fidèle à son poste, de même que son acolyte Garage rock, constitue une aura d’énergie noisy et irradiante – on adorera l’interprétation de l’hymne "We stand on the beach" – malheureusement sabordée à la fin des chansons. Psychédélique, "Speedway on Saturn" sait transporter dans un songe étrange et planant ; quant à "Death to Feminism", quoique je m’interroge à propos de ses dires, complète le tableau d’un univers musical singulier et captivant auquel on adhère complètement !
Tropical Horses se produira à la Fabrique des Balades Sonores le jeudi 14 février 2013 à 19h30 pour un set acoustique. |