Il est mon partisan CNPT préféré, un sacré bourlingueur en salopette en caoutchouc verdâtre, un pêcheur et un amoureux de la nature sans limite… Faune et flore président les méandres de son cœur, son imagination et sa plume. C’est du Loir-et-Cher propice aux réflexions aquatiques (et à ses moustiques assoiffés de l’été) que Jean-Pierre Fleury revient avec une histoire d’eau : Ça coule de source.
"Des villes d’eau, des châteaux d’eau, des histoires d’O, des eaux de toilettes et l’eau des toilettes, des eaux usées, des eaux douces pour s’y baigner, des eaux-de vie pour s’y noyer et de l’eau lourde pour faire la guerre, l’argent liquide pour la financer et l’eau de Lourdes pour huiler les miracles."
Le message (et pas des moindres) de ce livre est de rappeler à tous que ce qui semble couler de source ne l’est pas forcément. Ce que nous pensons acquis ne l’est pas vraiment. Mathématiquement, la Terre a été "livrée" avec une quantité finie d’eau. Le cycle naturel de l’eau évapore les océans, les cumule dans les nimbus, moléculise les atomes qui retombent sous forme de pluie, bue par les sapins (et les autres), infiltrée dans la terre où elle rejoint les sources, qui rejaillissent, qui coulent dans les fleuves, rivières ruisseaux, rus et compagnie, se jettent dans les mers et océans et tout et tout…
Oui mais l’homme, cette arrogante erreur de la nature a bien compris que maîtriser les 1% de ressources en eau potable lui donnerait l’ascendant sur ses pairs. Ce qu’il fit. Gaspillant, polluant, gâchant, souillant, dépensant… Ah le con !
Jean-Pierre Fleury raconte Basile et Augustin, et leur maître à penser Anselme. Ce dernier sensibilise les enfants aux mystères de ce précieux liquide. Liquide qui nous compose, liquide qui nous nourrit, liquide à qui on doit beaucoup, pour ne pas dire tout. Parce que sans eau, pas de vie. Et puis l’eau, on ne sait pas la fabriquer.
Et c’est là qu’interviennent les scientifiques, les purs et durs, les mêmes qui ont bravé l’église pour dire que la Terre est ronde… Parce que si, on sait fabriquer de l’eau… Et oui, en respirant ! Concrètement, ceux qui dessinent encore dans la buée (et qui en fabriquent en soufflant sur les carreaux) comprendront… Oui d’accord, mais de là à en produire en quantité industrielle il y a quelques années de recherches et de prototypes de bouches géantes qui souffleraient sur des vitres d’autant plus géantes, et de ruissellements dans des bassins très très géants, et d’un entonnoir tout mini dans un petit coin pour récupérer la précieuse denrée.
Avec l’humour et la plume légère, Jean-Pierre Fleury tient en haleine du début à la fin. Et pourtant, ce n’était pas gagné, un roman d’un amoureux du terroir parlant de l’eau. Et un bon gros coup de gueule, parce que c’est vrai, on abuse… Carrément.
Je ne dirai pas que ce livre changera fondamentalement mes habitudes, je continuerai de gaspiller des litres dans la cuvette des toilettes, je ne prendrai pas de douche froide (en attendant que l’eau chaude arrive du ballon), et je ne boirai pas l’eau des poissons… Dans mon égoïsme civilisé qui ne possède pas de baignoire, je laverai ma voiture sous la pluie, j’arroserai mes géraniums avec l’eau de la salade, et je récupère l’eau des flaques pour la gamelle du chaton… Pas pour moi (j’aime pas les vers de terre). |