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Interview  janvier 2013

On le devine très occupé, très sollicité. On se dit que quelqu’un de si médiatique est sûrement un peu inaccessible. On hésite beaucoup à lui demander une interview de peur de ne jamais recevoir de réponse… Et puis, on se lance, espérant tout de même que l’homme sera aussi charmant que l’écrivain que l’on perçoit à travers ses romans. Et dans les heures qui suivent, on reçoit, avec un immense plaisir, ses réponses par mail.

"En l’absence des hommes", "Un instant d’abandon", "L’arrière saison"… et maintenant "De là, on voit la mer". De jolis titres ! Comment avez-vous trouvé ce dernier ?

Philippe Besson : Par hasard, en écrivant un scénario. Je cherchais à indiquer un lieu, il s’agissait d’une terrasse sur un promontoire. Quand j’ai vu la phrase écrite, immobilisée sur l’écran de l’ordinateur, elle m’a plu. J’ai pensé : "ça ferait un beau titre". Voilà.

On sait que vous privilégiez la fiction, que vous refusez la facilité de l’autobiographie. Et pourtant, dans ce livre, on ne peut s’empêcher de penser à vous lorsque vous décrivez certaines habitudes de Louise, elle-même écrivain ; son appartement rue d’Alésia, l’ordinateur pour écrire plutôt que le stylo, etc. Pourquoi avoir concédé ces petits détails de votre vie privée cette fois ?

Philippe Besson : Je n’allais pas me cacher derrière mon petit doigt. Quand un romancier choisit pour héroïne une romancière, c’est à l’évidence pour dire quelque chose de son rapport à l’écriture. Pour moi, il s’agit simplement du dévoilement d’une part de ma vérité intime, en aucun cas d’une manière de livrer ma vie privée.

Dans vos précédents romans, c’est essentiellement l’absence- comment la vivre, la gérer- qui constituait le cœur de l’intrigue. Or, dans « De là, on voit la mer », ce thème est peu traité. Et surtout, c’est votre héroïne qui la crée, elle n’en est pas victime cette fois ; c’est elle qui part. Pourquoi ce changement ?

Philippe Besson : J’avais envie de lumière, de sensualité. C’est pourquoi je suis retourné en Italie. J’avais envie que la vie s’engouffre, plutôt que de laisser la mort s’insinuer, comme cela m’est arrivé précédemment. J’avais envie de légèreté, comme Sagan savait si bien la manier, c’est-à-dire comme le masque d’une vérité cruelle.

En fait, si : l’absence est le sujet principal du livre… celui qu’écrit Louise ! Vous revenez à plusieurs reprises sur son manuscrit : qu’est-ce qui vous a plu dans cette mise en abîme ? Le plaisir de raconter l’écriture ?

Philippe Besson : Je souhaitais montrer que parfois la frontière entre réalité et fiction est poreuse. Que parfois on est rattrapé par les histoires qu’on invente – cela m’est arrivé. On croirait, dans ces cas-là, que l’écriture est un pressentiment.

On est en plein dans la lutte pour l’obtention du droit au mariage pour tous ; dans ce roman, vous donnez une vision très pessimiste de ce contrat matrimonial… Vous comprenez tout de même qu’on éprouve l’envie, voire le besoin, de se lier ainsi à la personne que l’on aime ?

Philippe Besson : Bien sûr que je le comprends ! Et, d’ailleurs, je défends vigoureusement l’extension du mariage à tous, quelque soit l’orientation sexuelle. Ne serait-ce qu’au nom de l’égalité entre les citoyens. Cela ne m’empêche pas de croire que les attachements durables sont souvent difficiles à réussir. L’usure du temps est généralement dangereuse pour le couple. Il est plus facile de se lancer dans des liaisons brèves et fiévreuses.

Parlons un peu des personnages. Il y a deux femmes, dans ce livre, qui semblent très différentes de part leur classe sociale. Et, pourtant, on leur découvre d’importants points communs : la volonté de ne pas être "possédées" (l’une est "sans amarre", l’autre "vagabonde"), un caractère fort, indépendant et un âge approximativement identique… Elles resteront très distantes pourtant, n’arriveront jamais à communiquer : qu’est-ce qui les éloigne autant ?

Philippe Besson : Graziella, l’italienne, est digne, douce, discrète. Louise, la française, est égoïste, dure, célèbre. Cela les éloigne irrémédiablement ; cela et leurs origines. Pour autant, ce sont deux visages d’une même liberté, d’un même désir de ne pas dépendre d’autrui, de conduire son destin, dans des conditions radicalement différentes.

Louise : c’est une femme "sans amarre", "sans hésitation", sans culpabilité. Est-ce qu’elle se définit essentiellement par des "sans" ou lui trouvez-vous tout de même des "plus", des traits enviables ?

Philippe Besson : Oui, elle est créative, elle n’a pas d’interdits, elle n’obéit pas à la morale générale, elle est disponible pour ce qui peut arriver, elle aime la surprise, elle est prête à se laisser séduire, elle est capable de faire des choix, elle est dans la sensualité.

C’est un roman sur l’amour bien sûr, celui qui se termine et celui qui commence, mais c’est aussi un roman sur la solitude. Elle vous est indispensable pour écrire ? Et pour vivre ? On vous imagine tellement entouré, à travers toutes vos activités (écrivain, chroniqueur radio, au commande d’une émission télé, etc.)…

Philippe Besson : Je suis un schizophrène heureux. J’aime être entouré, m’amuser, picorer, me divertir, aller ici ou là, me disperser, c’est agréable. Et puis, je suis capable de plonger dans une solitude dont les profondeurs en effraieraient beaucoup. J’ai besoin de me retrancher, de partir loin, de faire disparaître le monde extérieur lorsque j’écris. C’est une solitude qui me plait beaucoup, parce qu’elle est choisie et féconde.

Il y a une scène intense, cruciale, c’est l’explication entre les deux époux. On pourrait la mettre en parallèle avec celle des deux ex-amants de "L’arrière-saison" ; on retrouve les phrases "uppercut", l’analyse des sentiments cachés dans chaque mot, l’atmosphère tendue où chacun attend anxieusement les paroles de l’autre. Ce sont deux couples qui doivent s’avouer des choses, et peut-être se redonner une chance. Vous aimez ce genre de scènes ? Les inventer, les écrire, les vivre ?

Philippe Besson : J’aime les moments de vérité, ceux où on se dit tout, où on prend des risques, où on se dévoile enfin. J’aime les dialogues sans détour, la capacité à se montrer lucide, à sortir de l’ambiguïté. Dans les livres et dans la vraie vie.

En conclusion, on aurait pu tomber dans les clichés, dans la facilité, dans ce nouveau roman : un couple marié, qui dure, qui s’use, une femme infidèle à cause d’un bel Italien, la question de la pérennité du couple… Et puis, chose inhabituelle, l’un des deux aime encore éperdument l’autre ! Malgré les dix années écoulées, malgré les défauts qui s’affirment, les compromis, les non-dits… Tout espoir d’amour qui dure n’est donc pas perdu ?

Philippe Besson : Bien sûr que non ! Moi-même, j’ai l’espoir d’aimer longtemps la personne qui partage aujourd’hui mes jours.

 

A lire sur Froggy's Delight :
La chronique de "Un certain Paul Darrigrand" du même auteur
La chronique de "De là, on voit la mer" du même auteur
La chronique de "Une bonne raison de se tuer" du même auteur
L'interview de l'auteur en janvier 2012

En savoir plus :
Le Facebook de Philippe Besson


Nathalie Clément         
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# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine

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Du côté de la musique :

"Génération (tome 1)" de Ambre
"Out" de Fishtalk
"Take a look at the sea" de Fontanarosa
"Venus rising" de Trio SR9 & Kyrie Kristmanson
"Perpétuel" de Vesperine
"Liminal status" de Watertank
"The great calm" de Whispering Sons
"Keep it simple" de Yann Jankielewicz , Josh Dion & Jason Lindner
Quelques nouveautés en clips avec Isolation, Resto Basket, Greyborn, Bad Juice, Last Temptation, One Rusty Band, We Hate You Please Die
nouvel épisode du Morceau Caché, consacré à Portishead
et toujours :
"Kit de survie en milieu hostile" de Betrand Betsch

"Let the monster fall" de Thomas de Pourquery
"Etat sauvage" de Chaton Laveur
"Embers of protest" de Burning Heads
"Sin miedo" de Chu Chi Cha
"Louis Beydts : Mélodies & songs" de Cyrille Dubois & Tristan Raës
"Arnold Schönberg : Pierrot lunaire" de Jessica Martin Maresco, Ensemble Op.Cit & Guillaume Bourgogne
"C'est pas Blanche-neige ni Cendrillon" de Madame Robert
"Brothers and sisters" de Michelle David & True Tones
"Prokofiev" de Nikita Mndoyants
"Alas" de Patrick Langot, Alexis Cardenas, Orchestre de Lutetia & Alejandro Sandler
"Symptom of decline" de The Black Enderkid
"Tigers blood" de Waxahatchee
"Not good enough" de Wizard

Au théâtre :

les nouveautés :

"Sonate d'automne" au Théâtre Studio Hébertot
"Frida" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses

"Preuve d'amour" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Après les ruines" au théâtre La Comète de Chalons En Champagne
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Royan, la professeure de français" au Théâtre de Paris
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
et toujours :
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche
"Partie" au Théâtre Silvia Monfort
"Punk.e.s" Au Théâtre La Scala
"Hedwig and the angry inch" au théâtre La Scala
"Je voudrais pas crever avant d'avoir connu" au Théâtre Essaïon
"Les crabes" au Théâtre La Scala
"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
des reprises :
"Macbeth" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Le déserteur" de Dani Rosenberg
"Marilu" de Sandrine Dumas
"Que notre joie demeure" de Cheyenne-Marie Carron
zt toujours :
"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

Lecture avec :

"Hervé le Corre, mélancolie révolutionnaire" de Yvan Robin
"Dans le battant des lames"' de Vincent Constantin
"L'heure du retour" de Christopher M. Wood
"Prendre son souffle" de Geneviève Jannelle
et toujours :
"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
"L'empire britanique en guerre" de Benoît Rondeau
"La république des imposteurs" de Eric Branca
"L'absence selon Camille" de Benjamin Fogel
"Sub Pop, des losers à la conquête du monde" de Jonathan Lopez
"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
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Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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