Comédie dramatique adaptée du roman éponyme de Peter Handke, mise en scène de Christophe Perton, avec Frédéric Baron, Ophélie Clavié, Yann Collette, Judith Henry, Vanessa Larré, Jean-Pierre Malo, Grégoire Monsaingeon, Olivier Werner et, en alternance Talid Ariss, Blas Durozier, Félicien Fonsino.
"La Femme gauchère" fut, en premier lieu, un roman que son auteur Peter Handke a porté au cinéma en 1978. La voici transposée sur scène par Christophe Perton ce qui pose la question de la matière dramaturgique.
En effet, le texte de Peter Handke est laconique et lacunaire en terme d'action et de dialogue et repose sur l'installation d'une atmosphère, d'un mouvement et la création d'images mentales. Hors la lecture créatrice de telles images ou d'images imposées par le cinéma, le challenge de l'adaptation théâtrale d'une prose essentiellement narrative est immense.
Sous couvert de l'histoire d'une femme au foyer ordinaire et banale de la classe moyenne aisée en rupture soudaine, imprévisible, apparemment sans élément déclencheur, comme sous le coup d’une révélation mystique avec sa vie de couple et les conventions, "La Femme gauchère" aborde de manière complexe la visibilité du monde, l'authenticité dans la relation d'altérité et la possibilité de la révélation en chaîne induite par un comportement individuel subversif.
Entre mélancolie et libération, il ne se passe rien et la pièce ne raconte rien d'autre que l'attente jusqu'à la scène finale moment où, en l'espèce, après un spectacle de près de deux heures composé d'une succession de scènes la plupart muettes, avec des coupes dommageables pour la compréhension, l'attention du spectateur risque de s'être complètement délitée.
D'autant que cela se combine au rythme soporifique de la mise en scène et au décor aussi ascétique que rebutant - un immense vestibule de maison impersonnel aux murs noirs et au sol recouvert du revêtement industriel de caoutchouc noir pastillé en rouleau qui ressemble à un hall de gare avec des sièges strapontins collés au mur, tous deux signés par Christophe Perton - ainsi qu'à l'insertion de fragments de récit et de monologue en voix off dans l'obscurité qui créent une chape de plomb que la frêle silhouette et le jeu intériorisé de Judith Henry ne parviennent pas à lever.
|