Comédie dramatique adaptée du roman de Peter Handke, mise en scène de Christophe Perton, avec Yann Collette et Sophie Semin.
Dans un wagon de métro, un homme aux allures de clochard céleste beckettien, qui entretient des rapports douloureux avec le monde, invective les voyageurs fantômes symbolisés par des strapontins qui s'abaissent ou se lèvent.
En quête d'absolu et de beauté, entre imprécations, vitupérations et ratiocinations, dans une inextinguible logorrhée d'humeur noire, il vomit son époque gangrenée par l'hypocrisie, le mensonge, la vacuité et l'individualisme, vilipende la société de l'image et jette l'anathème sur ses congénères qu'il nomme "mes chers affreux".
Dans "Souterrainblues", entre Schopenhauer et Thomas Bernhard, Peter Handke réactive au nom de la beauté, de la vérité et d'un humanisme édénique, l'art et la poétique de l'insulte à travers un monologue qui se présente autant en opposition que provocation envers les moeurs du siècle.
Rien, ni personne, des randonneurs en rollers au Pape en passant par la pratique de la lecture dans les transports en commun, le champ de récrimination est vaste et infini jusqu'à l'épilogue où une figure féminine (Sophie Semin) vient lui retoquer ses sermons.
Dans un décor de voiture Ratp avec revêtement industriel de sol en caoutchouc noir pastillé en rouleau, barres d'appui et sièges de moleskine orange - qui est également celui dans lequel se déroule "La Femme gauchère", autre opus de Peter Handke que présente simultanément Christophe Perton dans ce même Théâtre du Rond-Point, ce qui en explique l'anachronisme au regard de la situation - c'est Yann Collette qui officie dans ce périlleux exercice.
Un exercice qui sur la durée, une longue heure et demie, est traversé de quelques belles fulgurances. |