Croyez ce que vous voulez, mais ça ne vaut pas le coup. Pas le coup de produire un album entier après une rupture, pour plusieurs raisons : pas le meilleur moyen d’oublier tout ça, le meilleur moyen de ressasser, et si jamais on retombe dessus des années plus tard, raviver la blessure, ou se dire que c’était du temps perdu. Faire son deuil ? Oui, ça peut servir à ça aussi, mais à quoi sert le chocolat, alors ?
Elle, elle l’a fait. HF de son petit nom qui laisse entrevoir tout un tas de possiblité : Homme Femme, Hachis Facile, Hibou Faisan, Honteux Facteur… Plus sérieux ? OK ! Haute Fréquence, Have Fun, hafnuim, Horda Frenetik… Bon, d’accord, pour de vrai, c’est simplement Hélène Félix, pas une bombe latine, une blonde platine qui éternue dans son coude sur la pochette (Oh ! Bravo ! Tu n’attraperas pas la grippe porcine comme ça ! ). Non, elle chagrine certainement sur une histoire toute personnelle qu’elle livre dans ce quatrième album Rupture.
Ceux qui la connaissent le savent, pour les autres, HF est une sacrée balèze en soul/groove/funk. Pour les nuls, c’est la voix griffe dans la patte de velours, vous savez, ce joli tressaillement, un espèce de vibrato en forme de déchirement chuchoté. Feutré ? Oui, un peu comme les cardigans en laine de mouton d’Irlande : scandaleusement rugueux mais tellement chauds. Terriblement adéquat pour l’amour déçu ça, pour chanter les blessures, les écorchures, les touché-coulé, la mélancolie… Et bizarrement, pas de déprime. La thérapie est donc efficace.
La guitare devient parfois électrique, le chant est désormais intégralement français, HF explore les autres facettes de ses débuts anglo-jazz. Si ça marche ? Oui, j’imagine, à part les quelques ouaa-an-an qui m’ont fait penser à Lââm (vous savez la vulgaire en chapeau qui hurle à ceux qui sont loin de chez eux… blasphème !).
A noter, cet album est disponible en téléchargement gratuit depuis sa sortie ! Un bon gros coup de pub ? Peut-être, en tout cas, l’initiative rend le personnage sympathique. On s’intéresse à elle, et on se rend compte qu’elle a tout fait toute seule : compositions, textes, arrangements (avec des petits coups de patte des potes, mais pas trop). Elle sait tout faire ! A part varier son propos ? Mais non, puisque l’annonce était claire : Rupture parle de rupture.
De l’absence, des regrets, de la tension, du poids, du manque d’envie de faire un effort pour s’en sortir, pas envie de recommencer, du sentiment de vieillerie, des fins qui tournent en rond… "Mon bel amour" : "Tu m’auras fait vieillir"… des envies de changements, de l’incompréhension, de la liberté, de la solitude, de l’introspection, du chemin parcouru… |