Si "La vie est pleine de surprises" qui ouvre l'abum est plutôt chaloupé et nonchalant aux allures de reggae, son texte n'en reste pas moins tout aussi incisif que ceux qu'a l'habitude de concocter Pascal Bouaziz.
Ces petites histoires de tous les jours, sordides, drôles ou mélancoliques, nous touchent car ce sont les nôtres, celles d'un parent, d'un ami. Rien de surréaliste là dedans, Mendelson est un poête de la vie ordinaire en somme, il chante la vie, l'amour et les ruptures ("Toi et moi", "Ce n'est plus la peine").
Toutefois, ce troisième disque de Mendelson est assez différent des 2 précédents, comme le deuxième était déjà différent du premier. Si ce n'est que l'on sent sur Seul au sommet une maturité, un signe que l'on imagine, entre les notes, qui indique que le chemin est enfin dégagé. On sent que le groupe est dans ses marques et nous avec.
Car si la façon de chanter de Pascal n'a pas beaucoup changée depuis "L'avenir est devant", l'évolution musicale est évidente et, débarassé de tout complexe, Mendelson s'en va rejoindre ses références.
Ainsi "Ce n'est plus la peine" est résolument rock et brut, tandis que "L'Ardèche" est tout en finesse et en puissance et d'une densité sonore extaordinaire avec la batterie qui semble lutter au coude à coude avec les guitares jusqu'à l'épuisement, arbitrées par un clavier entêtant. Sans doute un des meilleurs morceaux de l'album aux connotations finalement assez post-rock.
"Tout refaire" sonne autant comme du Manset, mélodie, guitare, chant ... que "Bienvenue à Lacanau", superbe chanson racontant la découverte du corps de la voisine du dessus du narateur, rappelle fortement le "One day, after school" de Arab Strap et son final en puissance lorgne du coté de Sonic Youth.
"Qu'est ce que tu veux" nous conduit de l'autre coté de l'Atlantique et on pense à Sophia ouSmog. Pas de copie mais un son inspiré et travaillé. Ni hommage, ni imitation néanmoins car le son Mendelson s'affirme de plus en plus et, la voix, encore une fois aidant, se fabrique petit à petit une identité sonore qu'assez peu de groupes arrive finalement à obtenir.
Et puisqu'il est question d'hommage, le titre de l'album lui même en est un puisque la chanson titre "Seul au sommet" est une reprise, réussie et sobrement interprétée, en français du "Lonely at the Top" de Randy Newman.
La pochette vaut également à elle seule de posséder ce disque car elle regroupe, hormis le concept singulier d'annoncer que ce disque est composé de "2 faces de musique C et D compilées sur un seul CD", des tas de petits détails visuels qui occuperont sans nul doute vos longues soirées d'hiver à retrouver de çi de là la pochette du Philophobia d'Arab Strap ou bien la couverture de tel livre, ou encore comme le dit avec humour un internaute sur le forum de Mendelson, le véritable casque de monsieur playmobil... et ouais !
Un album à découvrir qui participe sans aucun doute au renouveau d'une certaine scène rock française qui n'a plus à rougir de ses modèles anglosaxons.