Un peu plus d'un an après Playing my Dues, instant de grâce qui l'éloignait du blues et de la danse, on a plaisir à retrouver Mathis Haug sur disque. Distance confirme tout le bien que l'on pense de l'homme, biberonné au delta (son authenticité un peu rustre, le brut d'une sensibilité pas bourgeoise pour un penny) et amoureux de la writtensong la plus noble (Tom Waits, Leonard Cohen...).
En onze titres originaux et une reprise de Prince ("Sign of the times", moins kitsch et plus vénéneux que jamais), l'album fait un délicieux tour d'horizon de l'univers particulièrement riche du musicien : folk, blues, jazz, rock, balades...
Progressivement, Mathis Haug finit donc de s'éloigner de la seule scène blues, dans laquelle on aurait été triste de la voir enfermer ses fêlures. Musicien jusqu'au bout des ongles, touche-à-tout génial, entièrement au service de sa musique, il propose maintenant des Objets Musicaux Moins Identifiés, commandés par le besoin d'expression lui-même. Des titres qui se tiennent droits sur leurs pieds, univers à part entière (on recommande particulièrement "Heartbreaker" ou "Cannibal Dancer"). Il se compose ainsi un paysage fantasque et grave bien à lui, où sa voix, douce et mélodieuse, prend corps. Encore ! |