La découverte de Fourth Corner fait partie de ces rares instants où l’on pense tenir entre ses mains le premier album d’une future grande, voire très grande.
Trixie Whitley, jeune Belgo-Américaine (25 ans), multi-instrumentiste (batterie, piano et guitare) nous livre ici un premier album (dont elle est l’unique auteure) extrêmement diversifié mais en même temps tellement cohérent.
Trixie trimbale sa belle gueule sur de nombreuses scènes en Europe en 2011 et 2012 comme pour tester et travailler encore ses titres figurant bientôt sur son album sans doute écrit depuis longtemps.
Incontestablement c’est sa voix qui marque en premier lieu. Cette voix profonde, puissante et grave est aussi bien capable de vous caresser que de vous envoyer dans les cordes sans pouvoir vous relever. Je n’aime pas trop les comparaisons mais je ne peux m’empêcher de penser à Josse Stone dans le timbre et dans l’utilisation qu’elle fait de sa voix. Mais la comparaison s’arrête là tellement le style est ici différent et tellement les styles des chansons diffèrent quand celles-ci défilent dans nos oreilles ébahies.
C’est d’ailleurs cette diversité qui plait dans cet album. Trixie peut nous emmener très loin, très haut avec un pur acoustique guitare-voix ou bien avec une ambiance un peu crade pleine de guitares saturées, ou encore avec une voix posée sur un orgue et des nappes synthétiques. C’est agréable de se sentir touché par chacune des chansons et chaque fois pour une raison différente. On se dit : "Ah elle sait aussi faire ça ?". C’est comme une bonne surprise à chaque fois. C’est comme quand on se découvre petit à petit de nombreux points communs avec une femme ou un homme qui nous plaît, on se dit que nous sommes fait l’un pour l’autre. Nous sommes faits pour écouter sa musique.
On se rend compte finalement avec du recul que sa voix y est quand même pour beaucoup. Elle sait s’en servir à bon escient pour sublimer chacun de ses messages, chacune de ses chansons. Sur "Breath you in my dreams", Trixie met par exemple sa voix au service d’un soul intense, puissant mais en même temps tellement subtile. On approche de la perfection.
A l’opposé, sur "Morelia" Trixie nous offre un superbe acoustique guitare-piano où elle nous expose avec brio ce qu’elle est capable de faire avec sa voix si complexe et nuancée. L’émotion dégagée en est très forte. Ou encore sur "Gradual return", très rythmique, la guitare électrique au son clair donnant le tympo envoûtant et répétitif, on voudrait que Trixie ne s’arrête jamais de chanter.
Après avoir bien écouté et apprivoisé l’album, celui-ci reste longtemps présent dans la tête et dans le corps. Il y a des voix qui vous prennent aux tripes et qui vous donnent envie de chanter et même de crier. Celle de Trixie Whiltey en fait partie.
Oui je l’avoue bien volontiers, Trixie m’a envoûté. |