Trois ans déjà
! Nous avions gardé le souvenir de Nick
Cave en live lors de son double passage à l'Olympia.
Et quel souvenir, tant sa prestation avait cette force et ce charisme
qui caractérisent le personnage, sans oublier les incroyables
Bad Seeds au rang desquels se trouvait
encore Blixa Bargeld, aujourd'hui trop
occupé avec son groupe Einsturzen Neubauten.
En novembre 2004, dès 17h30, les spectateurs se pressaient
déjà devant les portes du Palais de la mutualité.
Fans de toujours, plutôt des quadras, ils étaient venus
de l'Europe entière, espagnols, allemands, scandinaves, anglo-saxons,
et avaient formés une sage file d'attente. Les commentaires
allaient bon train, suite à la sortie du double album Abattoir
blues / The lyre of Orpheus, plein d'espoirs (Nick Cave plaçant
la barre très haute) et d'inquiétude (quand même
du gospel sur les chansons de Nick Cave...).
L'intervention complètement shadokienne du service d'ordre
a saccagé ce beau et fébrile moment d'attente pour
le transformer en panique, faisant reculer les gens sur le bitume,
réduisant la file à néant pour poser d'inutiles
barrières et inciter aux poussées des adeptes de l'ancien
testament, les derniers arrivés voulant être les premiers.
Cela étant, rien ne pouvait entacher la belle humeur et,
quoi qu'il puisse arrrive, la première partie annoncée
aurait pu suffire à notre bonheur. En effet
Mercury Rev, dont un nouvel album devrait sortir au début
2005, avait l'honneur d'ouvrir le bal.
A peine trois quarts d'heure accordés à ce groupe
atypique qui réussit cependant à poser ses ambiances
planantes et à imposer ses morceaux aux constructions étranges
à un public encore en train d'arriver dans la salle.
Nous aurons l'honneur de quelques nouveaux titres mais surtout
des classiques provenant des 2 derniers albums du groupe.
Jonathan Donahue, le chanteur avec des
fleurs accrochées à son micro est toujours aussi impressionnant,
hors du temps dans ses chansons mais aussi dans ses gestes, tel
un extra terrestre essayant d'imiter les hommes.
Amarré à son micro ou sur une jambe tel un héron
qui tente d'étendre ses ailes, il plane et sourit, souvent.
Heureux. Nous aussi.
Ce trop petit set de Mercury Rev n'a fait qu'attiser notre curiosité
et notre impatience en attendant le prochain disque.
La mise en place du matériel de Nick
Cave et ses Bad Seeds est assez rapide et c'est largement
avant 21h que le groupe arrive sur scène, 2 batteries, 2
claviers, guitares, basse, et bien entendu le violon de Warren
Ellis, sont au programme ainsi que le fameux choeur composé
de quatre choristes.
Démarrage
sur les chapeaux de roues, Nick Cave est tout feu tout flamme, courrant
partout dès les premières secondes et ... le son disjoncte...
plus de sono ... Voilà tout le monde sans voix, c'est le
cas de le dire...
On remet en route et c'est reparti ... pour 30 secondes ! Nick
Cave jette son micro par terre, il y a de quoi être sur les
nerfs, mais vient calmement expliquer au public (en tout cas aux
gens du premier rang qui arrivent à l'entendre) que, en attendant
que le problème soit résolu, les musiciens vont retourner
dans leur loge...
Voilà une entrée en matière bien décevante
et on peut imaginer, tant pour les musiciens que pour le public
l'effet douche froide et une certaine perte de motivation...
Sur la scène, le public assistera pendant plus d'une demie
heure à un ballet surréaliste de techniciens, certains
traversant simplement la scène à la recherche de l'inspiration
sans doute, à des conciliabules penchés sur les amplis
comme au chevet d'un grand malade avec le spéléo de
la régie, puis au changement de cable, le tout sur fond de
musique d'ambiance et de sifflets et de hurlements.
On se dit que les gagmen de la Mutu devraient se limiter aux meetings
de la LCR ou aux symposiums médicaux. Les techniciens branchent
et rebranchent inlassablement l'électricité pour mieux
constater que cela disjoncte... En désespoir de cause, ils
décideront enfin à tout recabler ... et nos coeurs
de battre plus fort en espérant que cette fois-ci sera la
bonne...
Troisième départ qui sera le bon même en dépit
d'un son assez moyen durant toute la première moitié
du concert. Concert pour le moins réussi malgré tout
avec les choeurs qui seront certes mis à toutes les sauces
mais de manière assez judicieuse, sans devenir trop envahissants.
L'essentiel de la première partie sera consacré au
dernier album, tandis que la deuxième comportera quelques
vieux classiques.
Quoi
qu'il en soit, Nick Cave vieillit mais ne change pas.
Toujours aussi électrique il saute, danse, gesticule et
remercie le public, heureux d'être là, sans doute.
Les Bad Seeds, quant à eux, toujours aussi efficaces, restent
un peu en retrait, Mick Harvey en père
tranquille qui tient sa troupe, Warren Ellis, toujours excellent
et survolté, est l'exception et s'agite presque autant que
Nick Cave.
On pourra néanmoins regretter le final a cappella des choristes
qui donne un côté kermesse au concert, d'autant qu'il
s'agit de la dernière image que l'on en gardera.
Final précédé de l'inamovible, et devenu
incontournable, "The Mercy Seat",
certes rock'n'roll à souhait pour un final mais qui gagnerait
à être remplacé tant ce n'est plus une surprise
pour personne.
Un très bon concert mais les problèmes techniques
auront quand même empêché de l'apprécier
pleinement.
... Vivement 2007 !
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